Les habitants de la localité dénoncent l'absence de plans de développement pour améliorer leur cadre de vie. Avec une population avoisinant les 40 000 habitants, Chabet el Ameur est l'une des communes les plus peuplées de la wilaya de Boumerdès. Située dans la région Est de la wilaya, elle partage des limites géographiques avec les communes de Tizi Ghenif (Tizi Ouzou), et Lakhdaria et Kadiria (Bouira). Cette situation stratégique ne lui est toutefois pas favorable. «Il n'y a pratiquement aucun échange avec ces commune voisines à cause de la défectuosité ou de l'inexistence des voies de communication», nous disent des habitants rencontrés au centre-ville. La localité est enclavée alors qu'elle située à une dizaine de kilomètres des Issers. La modernisation de la RN 68 devait l'arracher à son isolement, mais il ne manquait visiblement pas qu'une route à circulation plus ou moins fluide, rénovée sur un petit tronçon de moins de 10 kilomètres, et qui présente cependant toujours des insuffisances pour remédier à ce problème. Le temps a passé et Chabet a vu sa population augmenter. Elle aspire par conséquent à des voies de communication à la hauteur des exigences du 21e siècle. «Une voie ferrée pour desservir toute la vallée de Draâ El Mizan, des Issers jusqu'aux Aït Ouacif, est une condition sine qua non pour le développement de la région. A cela devrait s'ajouter une voie rapide sur toute cette zone afin de permettre une mobilité aisée dans la région», nous dit Hamid, un étudiant rencontré au centre-ville. Son ami, Ali, abonde dans le même sens: «Les pouvoirs publics ont lancé, il y a plus de cinq ans, le programme dit de modernisation de la RN 68, mais le projet n'a été que partiellement réalisé. La modernisation s'est arrêtée au pas de la porte, à un kilomètre environ de la ville et on attend toujours la suite du projet ». La ville s'est développée anarchiquement et son réseau routier est dans un état lamentable. «Ceci est une preuve de l'absence de l'Etat. Ici il n'y a ni prévision, ni planification. On a construit si près de la chaussée, sur toutes les voies, qu'on a étouffé les routes. Le mal est fait et c'est malheureusement trop tard. Faudra-t-il détruire tout cela un jour ou penser à déplacer le chef-lieu communal ? C'est une catastrophe» se désolent nos interlocuteurs. Plus que le chef-lieu de la commune, les villages sont «complètement isolés». «Les pouvoirs publics ont détruit la campagne et la paysannerie. Nous sommes à 70 km de la capitale, donc, théoriquement à une heure de route ou de train si on avait des possibilités de se déplacer aisément. Il est théoriquement possible d'aller le matin travailler à Alger et rentrer facilement le soir», ajoute Ali. Imouthasse (Matoussa), Ait Mekla, Ait Tafat (Ouled Ben Tafat), dénoncent cette situation. «La mobilité réduite, avec d'autres problèmes, pousse les habitants à l'exode. Et je présume que cela est fait exprès pour dévitaliser et vider les villages. L'Etat a réellement ignoré cette région. Pendant que les eaux du Djurdjura, collectées dans le barrage de Taksebt, arrose Alger, par exemple, Chabet fait face à une pénurie d'eau potable qui se fait particulièrement pénalisante pendant l'été et l'automne. Les habitants s'approvisionnent encore à partir des fontaines, lorsqu'elles ne sont pas à sec, ou achètent des citernes d'eau de provenance souvent inconnue ou douteuse,» dénonce-t-on.