Celui-ci, unique structure du genre, conçu pour satisfaire les besoins d'information, d'accréditation et de documentation des médias nationaux et étrangers, surtout à l'occasion de ce rendez-vous, vit depuis son « déménagement » forcé, intervenu à la mi-novembre, ses heures les plus incertaines. Une grande partie de ses services a été « transférée » des locaux occupés au Théâtre de Verdure à la Foire d'Alger, où la direction du centre a « loué » une aile du pavillon central. Les services administratifs ont « emménagé » non loin de là, avons-nous constaté, dans... une construction en préfabriqué ! Et l'autre partie a été installée au Palais de la nation, au Club des Pins. Un éparpillement qui n'est pas sans pénaliser lourdement le déroulement de ses activités et qui, en parallèle, renseigne on ne peut mieux sur la mince attention qu'accorde l'Etat à ces structures dites de communication. Les récits de presse rapportent, non sans passion, l'« expulsion », le 15 novembre dernier, des « 200 employés » du CIP. Intervenue avec force loi. Les témoignages ont alors fait état d'une « irruption nocturne », à 21h30, de responsables d'Arts et Culture, accompagnés du wali délégué de Sidi M'hamed dans l'enceinte du CIP pour (re)prendre possession des locaux en litige. La terrasse, aménagée par la direction du CIP et qui abritait jusque-là la régie, a été détruite. La cabine de traduction aurait subi le même sort. Les circonstances et la manière violente par laquelle se sont pris les responsables pour déloger le « centre » ont ouvert la porte à toutes sortes d'interrogations et de rumeurs. Qui donc a ordonné cette « expédition » ? Ou qui en est le commanditaire ? Quel est l'objectif ? Ce procédé intègre-t-il la tentation globale de museler les médias ? Le contexte, c'est vrai, contribue amplement à alimenter toutes les hypothèses les plus improbables. Certains travailleurs sont même allés jusqu'à désigner le président de la République pour en être « l'ordonnateur » afin de « punir », expliquent-ils, le centre d'avoir permis une conférence de presse de Ali Yahia Abdenour « où l'avocat aurait usé de vives critiques à l'encontre de la charte sur la réconciliation nationale ! » « C'est n'importe quoi ! », rétorque M. Oulmi, haut responsable au ministère de la Communication - un ministère qui demeure toujours sans ministre. La pénurie ? Peut-être. Rien de cela n'est vrai, dira M. Oulmi. A la question de savoir si le CIP avait été lâché pzr sa tutelle, le responsable « dément » et insiste sur le fait que le ministère demeure toujours l'autorité de tutelle. Alors pourquoi aucune « opération de sauvetage » n'a été initiée par celle-ci ? M. Oulmi préfère nous renvoyer au « statut » du centre, lequel statut fait de ce dernier un établissement autonome. C'est effectivement un Epic, autrement dit un établissement à caractère industriel et commercial, et ce, depuis 2002. Le renvoi au statut signifie que l'établissement (doté d'un budget d'investissement équivalent à 60 milliards de centimes), nous indique une source, doit se « démêler » seul de cette affaire. Pour ce qui est du licenciement de près d'une cinquantaine d'employés du CIP, dont une vingtaine de journalistes et traducteurs recrutés en CDI et CDD, et décidé par M. Boussena, le DG, sous le motif de « disparition de structure », le département de la communication a été dissout, nous révèle-t-on. Le responsable du ministère affirme que cette question relève de « la gestion du centre ». Cette même gestion qui est décriée eu égard à la situation peu enviable dans laquelle patauge actuellement le CIP. A ce titre, on nous informe que le rapport de gestion pour l'année 2004 aurait été refusé par le commissaire aux comptes. Une information que nous avons tenté de vérifier auprès du concerné, mais celui-ci demeurait, à chacune de nos nombreuses tentatives, « injoignable ». Idem pour les autres questionnements tronqués de la « précieuse » version du premier responsable du centre. Pour le directeur d'Arts et Culture, M. Mohammedi, les choses n'ont fait que reprendre leur cours normal. « Les locaux du Théâtre de Verdure ont été récupérés conformément à une décision de la wilaya, datant de 2001 », et de préciser qu'« il n'y a pas eu de casse, comme cela a été éventé (...). Nous avons uniquement démoli les constructions rajoutées ». Selon lui, la direction du CIP n'a pas respecté « le contrat moral ». « Alger, dit-il pour définir à quoi serviront les locaux récupérés, mérite bien un centre culturel digne de son statut. » Amen. Le Centre international de presse, lui, vaut bien une errance... et même plusieurs !