Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la crue d'Oued Djeddi, la dernière en date, a réjoui nomades et fellahs dans le Zab El Gharbi. Au lieu d'inquiéter comme d'habitude les riverains, quand ses eaux tumultueuses charriaient tout sur leur passage, la dernière crue de l'Oued - les précipitations qui l'ont gonflée de leur manne sont tombées sur la région trois jours durant de manière régulière et qui plus est fine et abondante sans excès - a contribué ainsi, non seulement à régénérer la nappe phréatique et à élever le niveau de l'eau dans les anciens puits, et même dans les forages mais aussi à remplir les retenues collinaires et autres ced. Naguère, Oued Djeddi, qui naissait dans la région de Messaâd à flanc de l'Atlas saharien puis tout au long d'un périple de 300 km traversait d'ouest en est le territoire de deux wilayas, celle de Laghouat et celle de Biskra recueillant au passage toutes les eaux de ruissellement qui confluaient vers son lit, se jetait finalement, tel quel dans le chott Melrhir. Aujourd'hui, une partie du débit de l'Oued Djeddi, qui normalement se perdait dans les sables du désert, alimente divers ouvrages - ceds et autres retenues collinaires - construits ces deux dernières années dans le cadre de la mise en valeur des terres. Le ced Diffel dans la daïra d'Ouled Djellel a emmagasiné plus de 35 000 m3 d'eau au moment où celui d'El Assel a dépassé les 85 000 m3 et on a par ailleurs vu que l'ancien ced Esseyell et la Berka du lieudit Guerbaâ se sont transformés en vastes marécages où déjà des nuées d'oiseaux migrateurs - poules d'eau, cols verts et autres flamants roses - y ont élu domicile pour toute la saison, ce qui, pour les pasteurs nomades, augure d'une année faste. Quant à ceux qui redoutent les dégâts collatéraux d'une probable épizootie de la grippe aviaire, considérée par les superstitieux et autres intégristes comme une malédiction divine, ils préfèrent que ces oiseaux de malheur aillent se faire voir ailleurs !