L'ouvrage, livré au début des années 1990, manque de plusieurs équipements : ni poste de secours ni niches de sécurité, encore moins de système de détection d'incendie. Pas de voies communicantes, mauvais éclairage et toujours le problème des infiltrations d'eau. Les automobilistes qui passent par le tunnel de Oued Ouchayeh appréhendent une catastrophe sur ce tronçon routier : il suffit qu'un incendie dans un camion transportant des produits inflammables se déclare et c'est tout l'ouvrage qui sera affecté, avec des conséquences graves pour les automobilistes. «Des accidents de la circulation se produisent régulièrement à l'intérieur des tubes de 900 m de long chacun. Aucun incendie d'une grande ampleur n'a heureusement été enregistré par les agents de la Protection civile qui n'a eu à intervenir que dans des incidents sans gravité. Le problème le plus évident dans ce tunnel est l'écoulement des eaux. La paroi est fissurée et laisse s'échapper d'importantes quantités d'eau. A l'origine de ce problème, semble-t-il, les réseaux d'assainissement cassés de la cité Les Palmiers, construite au-dessus des tubes, bien avant. Cette situation dure depuis plus de vingt ans. Mais pourquoi le maître de l'ouvrage (la direction des travaux publics) s'entête-t-il à laisser ce tunnel tel qu'il a été livré par les Italiens, sans engager les travaux de réparation qui s'imposent ? Aucun diagnostic de sécurité fiable n'aurait été fait par les services des travaux publics. Veut-on cacher quelque chose aux gens ?», s'interroge un ancien cadre des travaux publics présent lors de la réception de l'ouvrage réalisé par la société de travaux publics italienne GICO, et mis en exploitation au début des années 1990. Pas de travaux dans l'immédiat La direction des travaux publics qui gère l'infrastructure n'est pas assurément décidée à lancer dans l'immédiat les travaux de réparation nécessaires : ni galeries communicantes ni système de détection d'incendie ou de protection contre les incendies n'ont été installés. «Le tunnel était aux normes quand il a été livré. Les normes mondiales de sécurité ont évolué, surtout après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc (qui s'est produit en mars 1999 et qui a coûté la vie à 39 personnes dans l'ouvrage de 11,6 km). Des mesures drastiques sont exigées maintenant avant l'ouverture de ce genre d'ouvrage. Nous espérons qu'avec le relogement des habitants de la cité des Palmiers, le problème de l'écoulement des eaux usées prendra fin», se contente de nous dire une source à la wilaya, sans donner de délai quant à une éventuelle opération de réparation dans le tunnel routier. Seuls quelques travaux partiels et sommaires sont engagés par la wilaya : l'Entreprise de réalisation et de maintenance d'éclairage public (Epic Erma) a ainsi pris en charge le projet de «rénovation» du réseau d'éclairage public, sans plus. «Des travaux sont engagés pour remettre à l'état initial les appareils d'éclairage, comme laissés par les Italiens», nous a confirmé, dans un précédent entretien, le directeur de l'établissement de wilaya, Miloud Boudali. «Le diagnostic de sécurité est facile à faire dans ce genre d'ouvrage. L'incendie dans le tunnel du Mont-Blanc s'est produit en 1999, soit à peine une décennie après l'ouverture du tunnel, mais aucune action n'a été entreprise pour protéger la vie des usagers. Une commission ministérielle doit être mise en place et des travaux doivent être engagés, sinon le mieux serait de fermer pour un moment le tunnel à la circulation», estime l'ancien cadre des DTP.