La Marjaïya, la direction religieuse chiite, qui s'est réunie, hier, au domicile de Ali Sistani à Najaf (Centre) reste actuellement opposée à la lutte armée contre la présence américaine, a affirmé le porte-parole d'un des quatre grands ayatollahs à l'issue de la rencontre. Ses propos comportent une réelle nuance puisque les choses sont clairement désignées aussi bien en ce qui concerne la présence étrangère que les moyens d'y mettre fin, ainsi que les délais qui ne sont quant à eux pas fixés. Cette explication intervient au lendemain de l'accord conclu à Najaf avec l'imam Moqtada Sadr qui a permis de calmer la situation et de mettre fin aux combats. Mais les combattants de Moqtada Sadr ont conservé leurs armes, ce qui veut dire que la guerre peut reprendre à tout moment. Toutefois, la Marjaïya entend apparemment mettre les choses au clair et éviter tout malentendu ou suspicion. « Nous n'avons pas encore épuisé les solutions pacifiques pour mettre fin à l'occupation, et s'il s'avère un jour qu'il n'y a plus de possibilité de discussions, alors la lutte armée deviendra une possibilité », a affirmé cheikh Ali Najafi, porte-parole du grand ayatollah Bachir Al Najafi, qui a rencontré Ali Sistani. Le message s'adresse à l'armée américaine principalement et peut-être même uniquement, et la nouvelle Autorité irakienne ne semble nullement en outre l'autre ou encore un des destinataires. Ce qui dénote tout l'intérêt qui lui est accordé par la communauté chiite persuadée que la voie du pouvoir est toute tracée et qu'il lui revient de droit au regard de son importance démographique. Par ailleurs, cinq personnes ont été tuées et 32 autres blessées, dont des femmes et des enfants, dans des attaques aériennes américaines vendredi sur la ville de Falloujah, ont indiqué hier des sources médicales. Les forces américaines effectuent régulièrement des raids sur Falloujah (ouest de Baghdad), place forte de la guérilla. Cette ville d'où est partie la lutte armée contre l'occupation étrangère pourrait être la prochaine cible du rouleau compresseur américain, Najaf ayant échappé de peu à une attaque massive grâce à l'intervention acceptée par tous de l'ayatollah Sistani.