A deux reprises, la semaine dernière, Socothyd a été paralysée par un mouvement de grève lancé par les travailleurs. A deux fois, la justice a eu à statuer sur l'illégalité de la grève rejetant la revendication majeure des protestataires, à savoir le remplacement du PDG. Mercredi, c'était après que la justice a décidé que les travailleurs doivent laisser le premier responsable de la Société de production du coton hydrophile, M. Achaïbou, rejoindre son poste de travail puisqu'une heure à peine après l'exécution du jugement par un huissier de justice, les ouvriers, mécontents, ont relancé le mot d'ordre de grève. La direction relance la procédure judiciaire. Aussi, une nouvelle plainte déposée hier par le PDG de Socothyd contre sept travailleurs a été traitée en référé le jour même par le tribunal de Bordj Menaiel et s'est soldée, en fin d'après-midi, par une décision similaire à celle de lundi dernier : laisser le directeur et les cadres dirigeants rejoindre leurs postes de travail. Le juge a ordonné encore une fois aux sept travailleurs soupçonnés de mener le mouvement de permettre au responsable et à ses assistants de disposer de leur droit d'exercer leurs fonctions. En milieu de journée, le conseil d'administration de l'entreprise s'était réuni à Boumerdès en session extraordinaire « pour étudier le conflit social et arrêter les résolutions qui s'imposent ». Dans son procès-verbal de réunion, ledit conseil déclare apporter son « soutien au PDG et aux cadres dirigeants et rejette la revendication illégitime des 7 travailleurs qui réclament leur départ ». Le conseil demande aussi à la direction générale de Socothyd de « procéder à la suspension des travailleurs perturbateurs et de déposer plainte auprès du tribunal pour menaces, entrave à l'exécution d'un jugement et entrave au droit de travail du PDG et des cadres dirigeants ». Comme il lance un appel à la sagesse à l'adresse de l'ensemble des travailleurs en leur demandant d'assumer leurs responsabilités pour sauver leur outil de produit et l'avenir de l'entreprise. Conscient de l'origine du conflit, le conseil d'administration de Socothyd demande à la direction générale de l'entreprise d'interpeller les instances de l'UGTA afin qu'elles organisent une assemblée générale élective pour renouveler le conseil syndical de l'unité. Abordant les multiples aspects du conflit, M. Achaïbou, que nous avons rencontré hier en fin de journée, a déclaré regretter qu'« un conflit syndico-syndical se répercute ainsi sur le PDG et l'entreprise ». « Pourtant, nous avons toujours privilégié la neutralité dans ce bras de fer », a-t-il dit. Le conflit tel qu'il se présente aujourd'hui risque d'être le coup de grâce pour l'entreprise tant celle-ci « connaît une crise chronique sur les ventes due à la circulaire du ministère de la Santé instruisant les hôpitaux à ne plus acheter de gré à gré les produits de Socothyd », selon M. Achaïbou qui reste toutefois « confiant que le choix des hôpitaux va se porter sur le label de nos produits ». Socothyd, certifiée iso 9000/2001 et iso 13485 et qui va vers la certification 14000/100, est inscrite parmi les 1200 entreprises destinées à la privatisation, a dit notre interlocuteur. « Mais son dossier ayant été étudié par le CPE en novembre 2005 après un appel d'offres qui a attiré plusieurs soumissionnaires, il fait actuellement l'objet d'un report pour un complément d'information. Il est pris en charge par un groupe d'experts internationaux de la cellule d'appui à la privatisation par l'Union européenne, dépassant ainsi les craintes soulevées au début de la procédure où l'on n'a enregistré que de faibles soumissions », a explique le PDG. Pour M. Achaïbou, « la privatisation n'est plus un tabou : il faut y aller, car elle peut être créatrice de richesses et de valeur ajoutée. Elle contribue au maintien de l'emploi et de l'activité ». « En tant que commis de l'Etat, je suis tenu d'exécuter les réformes telles qu'édictées par le CPE. C'est pourquoi je lance un appel à tous les travailleurs pour qu'ils redoublent de sagesse. Je ne peux pas continuer à avoir comme partenaire une section syndicale dissoute par l'UGTA, ce qu'on voudrait d'ailleurs me faire faire », a-t-il conclu.