L'année 2011 a été secouée par des mouvements de grève sans précédent sur tout le territoire national. L'augmentation salariale avec effet rétroactif à partir de janvier 2008 est la revendication commune de tous les mouvements. Les travailleurs de l'éducation étaient les précurseurs de ce mouvement. Les enseignants, ayant opté pour une grève au mois d'octobre dernier, demandent des augmentations de salaire à l'instar des autres secteurs de la Fonction publique qui en ont bénéficié. Une autre catégorie ayant investi la rue est celle des enseignants contractuels. Après d'âpres négociations, le gouvernement a accordé un statut de permanent à 65% des protestataires qui sont en poste. Il reste à présent les enseignants contractuels hors spécialité. Ces derniers, opérant sur l'ensemble du territoire national, réclament leur intégration. Ils menacent de recourir à une démonstration de force si la situation l'exige. Le secteur de la santé n'a pas été à l'écart de la contestation des salariés. Les praticiens et les médecins résidents ont manifesté leur ras-le-bol à propos de leurs conditions de travail et les salaires qu'ils percevaient. Mais les médecins résidents ont rejeté surtout leur statut qui tantôt sont considérés comme des étudiants, tantôt comme des travailleurs. Ce mouvement a été déclenché en parallèle avec la grève des étudiants en sciences médicales : médecine, pharmacie et chirurgie dentaire. Par ailleurs, les étudiants des autres spécialités ont gelé l'université. A l'instar de leurs camarades des sciences médicales, ces derniers ont opté pour une coordination autonome. Il convient de préciser que toutes ces grèves ont été menées par des coordinations, collectifs et syndicats autonomes. Les travailleurs d'Algérie Poste, les personnels navigants d'Air Algérie et les chercheurs permanents du Centre des recherches nucléaires ont tous protesté pour réclamer les mêmes augmentations que celles octroyées aux autres travailleurs de la Fonction publique. La grève s'étend à Hassi R'mel La contestation s'était étendue au secteur de l'énergie, principale source de revenus en devises de l'Algérie. Les travailleurs de Sonatrach adhèrent à la nouvelle tendance. La vague de contestation salariale avait atteint le plus grand gisement du gaz en Afrique. Comme tous les travailleurs des entreprises publiques où l'emprise de l'UGTA tient toujours, certains travailleurs de Sonatrach ont manifesté leur volonté de créer un syndicat autonome. Ils sont pourtant conscients de la difficulté de la tâche. Ils sont persuadés que «Sonatrach n'est pas une entreprise comme les autres». Pour contenir la colère des travailleurs, le gouvernement a déboursé des sommes colossales ; certains courroux ont été apaisés, d'autres mouvements étouffés dont celui des étudiants. Il reste à savoir si en 2012, les revendications des travailleurs de Sonatrach vont avoir l'écho escompté. Les travailleurs de la base de Hassi R'mel ont accordé un délai d'un mois à Sonatrach. Pour rappel, la grève de la faim observée par ces derniers, pendant quelques jours dans cette base, a été sans l'aval du syndicat de l'entreprise (UGTA) qui d'ailleurs s'est démarqué du mouvement. L'UGTA est-elle une grande perdante ? Certains travailleurs, qui se sont constitués en collectifs, estiment que le recours au syndicat autonome est la seule voix pour obtenir ce qu'ils revendiquent. D'autres brandissent la menace d'adhérer au Snapap pour faire pression sur l'UGTA sans passer à l'acte. Tous les moyens sont bons pour obtenir satisfaction concernant leurs revendications. A croire que protestations et grèves ne s'arrêtreront pas en 2012...