Hasna Bécharia Vivement live ! La fille terrible de Béchar, du blueswoman du Sahara, du diwan et du rock d'ébène et d'ivoire, Hasna Bécharia, vient de voir enfin son album Live en Bélgique sortir chez l'éditeur oranais Sun House. Il s'agit d'un concert électroacoustique, précisément enregistré à Anvers. En guise d'intro, Hasna Bécharia propose un istikhbar (instrumental) populairement chaâbi et empreint de déclinaisons issues du répertoire marocain. Smaâ, Smaâ, est un titre atlassien, choral, dépouillé et pas du tout assourdissant pour les « feuilles ». Djazaïr warda, est une direction orchestrale ayant pris la trajectoire de la musique kabyle avec un tantinet de mélodie moderne oranaise et chaâbi. Djazaïr warda est une ode déclarée et déclamée à l'endroit de sa patrie natale. Hakmet lakdar (à ne pas confondre avec celle de Dissidenten l'ancien groupe de Hamid Baroudi), est une chanson polyphonique, féminine et délicate parlant des valeurs cardinales de la famille. Koulchi aâla el walidine est dans la même veine filiale prônant le respect des parents. Ma aândi fayda, est une sorte de manbo effréné exécuté sous la bonne intelligence et compagnie de la guitare acoustique, oûd (luth), derbouka, bendir et puis cet instrument omniprésent : la voix suintante et chaleureuse de Hasna. Une transe d'une grande dame de la musique algérienne et un transport très roots (racines) d'une interprète et guitariste excellant aussi bien sur la fender stratocaster que sur le goumbri. Un album très vivant, sans façon ou autres fioritures numériques. Du pur bonheur ! Idir Tout d'un grand Les éditions Akbou production viennent de sortir en CD et DVD, l'album Deux rives, un rêve (datant de 2002, last but not least) de Idir, le grand chanteur et instrumentiste d'expression kabyle. Un album remasterisant d'anciens et inédits titres l'ayant révélé et surtout propulsé aux cimes de la popularité et au summum de la musique algérienne dans sa diversité plurielle et diverse. Parmi les titres à l'épure brillante et galvanisante, l'on peut citer Trompettes, dont les paroles et la musique sont de Georges Brassens sur un rythme latino, de la salsa émaillée d'une section-cuivre typiquement jamaïquaine. Pourquoi cette pluie ? Un questionnement météorologique, nuageux et sombre de son pays, l'Algérie, coécrite avec Jean-Jacques Goldman (ayant travaillé avec Patricia Kaas, Céline Dion et Khaled). Une éclaircie musicale contre les « chasseurs de lumières » (comme il le dit si bien). Assendu, la nostalgique, aérienne et altière. Et puis, cette mélancolie de la flûte... enchantée. L'incontournable hit Zwirt Rwit - signée par Mohamed Benhamadouche et Idir et qui a été reprise par Khaled, en 1988, avec autre titre politiquement incorrect Wine el harba wine et 1999 sur l'album Kenza en duo avec la chanteuse britannico-pakistanaise Amar - une ballade pop kabyle. Sirhiyi, est du rock pur et dur nous rappelant le groupe Abranis avec ses riffs surchargés. De la Thamaghra (la fiesta) dans l'air... et la chanson Isaltiyen avec en featuring Alan Stivell, « l'héritier celte », est une jolie ballade chaâbi, chaoui et électrique. Et çtedduyi est autre belle reprise du regretté Brahim Izri (avant sa disparition) à la beauté triste. Un acappella de Idir vous donnant la chair de poule (un très bon choix). Cheba Kheira Raïwoman in love L'année 2005 aura été sympathique et pas du tout sabbatique pour la chanteuse raï, cheba Kheïra, à la voix « rock », qui après une parenthèse ayant duré plus de trois ans à Alger, était revenue à El Bahia. Depuis son retour à Oran, elle ne cesse d'accumuler les tubes, comme le duo chic-choc avec la valeur sûre du raï cheb Abbès avec Wah ya laâdou ou encore Maâlabalich aâlah (Zahri...) qui seront remixés et bien emballés par DJ Nassim. Là, la raïwoman, la plus en vue actuellement, marque la nouvelle année avec un nouvel album intitulé Merci beaucoup ! Le titre à l'effet drogue est incontestablement Andek ki dayer laman. Une chanson existentielle, sentimentale, d'une grande tristesse (ce n'est pas un reproche) et mélodique. Un tube prescriptif pour un éventuel hit (le refrain revient plus de trois fois) et qui sera remixé bien sûr par DJ Nassim. Et puis, Kheïra, aux dernières nouvelles, est toujours amoureuse de son mari, contrairement à ce qu'on croit.