Cela fait vingt ans déjà que les décideurs de l'époque, dont certains ne sont plus de ce monde, ont décidé, sans nous, d'organiser une mascarade d'élections, puis de l'arrêter. Ils décident ensuite d'aller chercher un homme, Mohamed Boudiaf, de son paisible exil, en s'imaginant qu'ils vont le mener comme ils l'entendent. Ils créent les camps au sud du pays où ils y internent des jeunes et moins jeunes, parfois d'obédiences politiques diamétralement opposées. Des adhérents du FIS y ont côtoyé ceux du RCD. Ils font porter la responsabilité de cette mesure à Boudiaf. Ce dernier se rend compte de leur fourberie. Boudiaf commence à découvrir leurs arcanes. Il limoge l'un d'eux. Si Tayeb el Watani comprend alors que ce n'est pas les islamistes qui inquiètent les décideurs, mais la menace de la perte de leurs intérêts. Leur mainmise sur les richesses empêche le peuple d'en tirer profit. Boudiaf dénonce alors la mafia politico-financière. Il tente de former un petit groupe d'incorruptibles. Le groupe est décimé. Puis vient le tour de Boudiaf. Ils lui montent un faux «acte isolé». Vingt ans passent. L'islamisme gagne en maturité et tire les leçons de l'expérience algérienne en la matière. D'abord le modèle turc réussit à stabiliser le pays et à consolider son économie, sa culture et ses questions sociales. Le Printemps arabe définit de nouvelles règles du jeu. Les Tunisiens organisent leur Constituante. Les Egyptiens traduisent leur ex-Président devant la justice. Le roi du Maroc nomme un islamiste à la tête du gouvernement. En Algérie, une nouvelle échéance électorale approche. Cela perturbe les décideurs. Ils n'ont aucune vision, sauf celle de perdre leurs intérêts. Un premier signe à l'horizon : un des plus lourds décideurs est interpellé par la justice suisse ; un signe de la fin proche. Les autres attendent. Les âmes des deux cent mille morts de la tragédie algérienne hantent alors tout le peuple. Sont-ils morts pour rien ? C'est à nous tous de répondre à cette question. Et la première réponse devrait s'adresser aux décideurs en leur disant : «50 ans barakat.»