Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a vivement réagi hier à l'appel pressant lancé lundi à partir de Londres par les ministres des Affaires étrangères des pays membres permanents du Conseil de sécurité à l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) lui demandant de saisir le Conseil de sécurité sur le dossier nucléaire iranien. Dans une intervention à la télévision d'Etat iranienne au cours d'une visite sur des sites nucléaires, le président Mahmoud Ahmadinejad s'en est violemment pris « aux puissances nucléaires de l'ONU et au président américain George W. Bush ». « Ceux qui possèdent des stocks d'armes nucléaires se réunissent à plusieurs, prennent des décisions et croient que le peuple iranien va se soumettre à leurs décisions », a souligné le président iranien qui a qualifié ces pays de « puissances de paille » devant lesquelles l'Iran « ne s'inclinera pas ». Ces déclarations du président iranien interviennent à la veille d'une réunion cruciale prévue les 2 et 3 février de l'exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui devrait informer le Conseil de sécurité des Nations unies de sa décision sur le dossier nucléaire iranien. Intervenant sur le dossier nucléaire iranien à l'occasion de son discours de l'Union, le président américain a particulièrement chargé la « petite élite cléricale qui isole et opprime son peuple en Iran ». Lui répondant du tac au tac, le président iranien a menacé de faire traîner le président Bush « devant le tribunal des peuples pour crimes », tout en réaffirmant la détermination de son pays à poursuivre son programme nucléaire. Pour joindre l'acte à la parole, le président iranien a tenu à intervenir sur le dossier nucléaire sur le site nucléaire de Bouchehr dans le sud du pays où la Russie construit la première centrale nucléaire iranienne qui doit être opérationnelle cette année. Lui emboîtant le pas, le ministre iranien de la Défense, Mostapha Mohammad Najar qui accompagnait le président iranien, a menacé lui aussi que « toute action contre les installations nucléaires iraniennes sera suivie d'une riposte immédiate et destructrice des forces armées du pays ». Le président du Parlement iranien, Gholam Ali Hadad Hadel, a de son côté rappelé hier que la loi oblige le gouvernement « à arrêter sa coopération volontaire avec l'AIEA dans le cadre du protocole additionnel », si le dossier est transmis au Conseil de sécurité. Cette avalanche de déclarations suscitées après le recadrage du débat sur le dossier nucléaire iranien sous la houlette du Conseil de sécurité préfigure des luttes qui s'annoncent durant cette « trêve » que se sont donné les cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui se sont fixé un délai jusqu'au 6 mars prochain, date de la remise du directeur général de l'AIEA de son rapport au conseil de gouverneurs de l'Agence, pour arrêter une position définitive sur le dossier nucléaire iranien.