L'Iran a réitéré, hier, son avertissement à l'Arabie Saoudite – le deuxième en une semaine – quant à une éventuelle augmentation de sa production pétrolière pour compenser le pétrole iranien. «Ces signes ne sont pas amicaux et nous invitons les responsables de l'Arabie Saoudite à réfléchir davantage», a déclaré, hier, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, en réaction à une déclaration du ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi. Ce dernier a indiqué lundi, dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN, que son pays a les capacités de compenser les exportations de brut de l'Iran en cas de sanctions pétrolières occidentales contre ce pays, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire. «Nous produisons actuellement entre 9,4 et 9,8 millions de barils par jour et nous avons une capacité de production de 12,5 millions de barils par jour», a déclaré le ministre saoudien. Et d'ajouter : «Nous pouvons facilement atteindre 11,4 à 11,8 millions de barils par jour en quelques jours. Tout ce que nous avons à faire est d'ouvrir les vannes.» Réponse de Ali Akbar Salehi : «Je pense que cela est un point de vue personnel du ministre du Pétrole saoudien et ne reflète pas la position de l'Arabie Saoudite.» L'Iran produit 3,5 millions de barils par jour, dont environ 2,5 millions sont exportés. Des responsables occidentaux ont affirmé que des pays du Golfe, en particulier l'Arabie Saoudite, compenseraient le déficit d'offre en cas d'embargo contre les exportations de l'Iran, afin de convaincre les pays asiatiques, surtout le Japon et la Corée du Sud. De son côté, l'Inde a annoncé hier qu'elle continuera à acheter du pétrole à l'Iran malgré l'intensification de la campagne américaine visant à limiter les achats pétroliers. «Nous avons admis les sanctions qui ont été votées par les Nations unies. D'autres sanctions ne relèvent pas de pays particuliers», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Rajan Mathai. Et de poursuivre : «Nous allons continuer à acheter du pétrole à l'Iran.» Quelle réponse pour Washington ? Le représentant de l'Iran auprès de l'OPEP, Mohammad Ali Khatibi, a déjà averti, dimanche, les monarchies du Golfe contre toute tentative de compenser les exportations pétrolières de Téhéran. Face aux possibles nouvelles sanctions pétrolières de l'Occident qui veut contraindre l'Iran à renoncer à son programme nucléaire, l'Iran a menacé à maintes reprises la capacité de fermer le détroit d'Ormuz, par où transitent 35% du trafic pétrolier maritime mondial. L'Union européenne (UE) doit, quant à elle, finaliser, le 23 janvier, les modalités d'un embargo sur le pétrole iranien, qui pourrait être mis en place sur six mois. Il faut savoir que 18% environ des exportations pétrolières de l'Iran partent vers l'UE, notamment l'Italie, où sont écoulés 180 000 barils par jour, puis l'Espagne et la Grèce qui importent de ce pays respectivement 160 000 et 100 000 barils par jour. «Avec la crise économique que connaît la zone euro, toute sanction pétrolière contre le pétrole iranien va aggraver la crise dans cette zone», a averti hier Mohammad Ali Khatibi. Concernant la lettre envoyée récemment par les Etats-Unis à l'Iran après les menaces de fermeture du détroit d'Ormuz, Ali Akbar Salehi a relevé qu'il n'y a «rien de nouveau». Il a tout de même glissé : «Nous avons dit par le passé que l'Iran, plus que n'importe quel autre pays, cherche à assurer la sécurité du golfe Persique.» Pour lui, «la sécurité dans le golfe Persique est une sécurité collective et personne, à l'extérieur de la région, ne peut décider quel pays peut bénéficier des avantages du golfe Persique et quel pays ne peut pas en bénéficier». Ali Akbar Salehi dira par ailleurs : «Nous respectons autant nos engagements internationaux que nous défendons nos intérêts et nous ne permettons à personne de mettre en cause les droits de notre nation.»