L'objectif est de réaliser des images en transition permanente «Il suffit parfois de voir différemment pour mieux voir» a dit un jour Paul Valirio lorsqu'il parlait de l'art photographique et il avait sans doute raison. C'est l'un des aspects de cette exposition qu'abrite actuellement le Musée national des Beaux-Arts d'Alger. Organisée par l'ambassade d'Allemagne et le Goethe Institut à Alger en collaboration avec le ministère de la Communication et de la Culture. Sous le thème Die Ganze Stadt (la ville entière), l'exposition réunit les oeuvres de six jeunes photographes allemands qui présentent 70 photographies. Sous des angles différents, chacun d'eux tente de donner à travers cette exposition sa propre interprétation de Berlin, après la chute du mur. Eva Bertram, Ulrich Wast, Tomo Yamaguchi, Maria Sewcs, Andréas Wast et Zoltan Jakay montrent la ville sous toutes ses facettes, ils font un travail sur la photographie très subjectif et documenté. Ils n'essayent pas de montrer le côté esthétique ou moderne de leur exposition, ce qui les intéresse c'est de montrer les différentes approches réalisées pendant l'acte photographique. A travers cette extraordinaire exposition, les six artistes donnent un aperçu sur une ville plus disséquée en réalisant des photos nom traitées (c'est-à-dire non numérisées ou informatisées). En contemplant les photos, l'on voit comment des photographes s'approchent de la vie en ville «avec un grand regard individuel et pourtant bien caractéristique, ils fixent à leur manière la réalité qui a attiré leur attention. Ils saisissent différents aspects - «le paysage ville», l'architecture, le portrait, l'histoire contemporaine, la société - et ce, tantôt dans un monde intérieur, dans la sphère privée de personnes humaines tantôt sur l'extérieur, sur des espaces en- centre ville ou en banlieue. Ils donnent toujours la préférence aux scènes du quotidien et ne recherchent pas les moments sublimes et privilégiés, c'est précisément en cela qu'ils laissent la possibilité à leurs photos de narrer des histoires», est-il expliqué par les organisateurs. Les 70 oeuvres en couleurs et en noir et blanc qui peuvent d'emblée paraître banales, cachent en vérité beaucoup de révélations. Or comme l'a bien expliqué le Dr Flugge, historien allemand et vice-président de l'Académie des Arts à Berlin «l'objectif de notre exposition n'est pas de parler seulement du quotidien, de l'environnement urbain ou de la vie des êtres qui vivent au centre ou à la périphérie des grandes villes, mais également des traces qu'ils y laissent». En un mot, il s'agit de narrer des histoires autour des photos, de décortiquer des situations ou même de réaliser des images d'un espace en transition permanente, c'est ce qui les différencient de la photographie des livres-albums et des cartes postales. Parmi tous les supports de communication qui existent, la photo demeure le seul qui n'a pas de code, Helmut Gernsheim a eu raison de dire que «la photographie est la seule langue à être comprise dans le monde entier». L'exposition qu'abrite le musée s'étalera tout au long du mois en cours, rappelle-t-on, de même qu'elle se poursuivra du 3 au 11 décembre à la Maison de la culture à Tizi-Ouzou.