Plus de 15 000 personnes ont assisté, hier, au premier grand meeting électoral de François Hollande, candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle française. Paris. De notre correspondant
C'est sous un tonnerre d'applaudissements et une multitude de slogans que le candidat socialiste, François Hollande, a débuté son discours dimanche sous les yeux attentifs de tous les «éléphants» du parti et près de 400 journalistes français et étrangers venus couvrir l'événement. «Je suis venu vous parler de la France qui espère. Une France à la recherche d'un nouvel et bel avenir. Je suis venu vous dire qu'une page de l'histoire de France est en train de se tourner et une autre de s'ouvrir», a d'emblée lancé François Hollande dans un esprit offensif et conquérant. Et d'ajouter : «Je suis fier d'avoir été désigné par vous lors des primaires socialistes. Je ressens une profonde émotion. Je suis prêt à assumer cette responsabilité et redonner confiance aux Français.» «Mon adversaire, c'est la finance internationale» Joignant le geste à la parole, François Hollande a promis d'être le président de tous les Français, un président «normal» qui défend l'égalité et la justice, un premier magistrat qui travaillera pour l'ensemble du peuple français et non pas pour une classe ou un groupe particulier. Rêvant de changer la France et de la mettre sur les rails de la croissance économique, il a indiqué que son premier voyage, s'il est élu, le conduira en Allemagne pour proposer à la chancelière Angela Merkel l'élaboration d'un «nouveau traité franco-allemand». Il a également promis de mettre hors d'état de nuire les institutions financières internationales, les banques et mettre fin aux paradis fiscaux. «Je reviendrai sur les cadeaux fiscaux accordés par Sarkozy et sur les niches fiscales, ce qui nous permettra d'économiser environ 3 milliards de dollars», a calculé le candidat socialiste qui compte aussi taxer les transactions financières. «Mon adversaire est invisible. Il n'a pas de nom ni de visage. Il ne va même pas se présenter aux élections. Mon adversaire s'appelle la finance internationale», a-t-il tonné. Une phrase qui a électrisé la salle. Elle s'est d'ailleurs levée comme un seul homme pour applaudir le député de Corrèze. Aux pays de la zone euro, il veut proposer une nouvelle politique économique plus loyale et qui prend en compte les aspirations des peuples. «Défendons l'Europe. Elle en a besoin. Je veux une Europe de croissance, de solidarité. Il faut que la Banque centrale européenne (BCE) participe à l'effort et intervienne pour le règlement de la crise» a-t-il expliqué. Retrait des troupes françaises d'Afghanistan Sur le plan social, le maire de la petite localité de Tulles a promis d'aider les jeunes, d'accorder des allocations d'études aux étudiants les plus pauvres et d'accueillir les étudiants étrangers désireux venir faire leurs études en France. Il a aussi réitéré son idée d'ouvrir 60 000 postes dans l'Education nationale et de diviser en deux le nombre de chômeurs chez les jeunes. Plus emblématique, il a promis d'inscrire, dans la Constitution, la loi de 1905 qui garantit la laïcité en France et d'accorder plus de droits aux femmes dont les salaires restent inférieurs de 20% à ceux des hommes pour le même poste occupé. Sur le plan international, le candidat du Parti socialiste veut mettre fin, à partir de mai prochain, à la mission de l'armée française en Afghanistan. «Il faut avoir le courage de dire que notre mission en Afghanistan est terminée», a soutenu François Hollande qui a promis «d'utiliser le siège de la France au sein des Nations unies pour faire partir tous les dictateurs qui écrasent leurs peuples, comme le fait actuellement Bachar Al Assad». En revanche, il n'a pas dit un mot sur les relations de la France avec le Maghreb, en particulier l'Algérie, ni même avec d'autres pays arabes ou d'Afrique. Porté par un élan de solidarité et un vent de changement, le candidat socialiste se sent déjà dans les habits du nouveau président et il ne se gêne pas pour le dire : «Tout dans ma vie m'a préparé à cet engagement. C'est moi qui porte votre espoir. Je veux conquérir le pouvoir, mais je ne suis pas un vorace. Je ne veux pas le pouvoir pour moi tout seul, mais pour tous les Français. Je veux changer le destin de la France et celui de ses habitants.» Et d'évoquer sa vie privée, sa naissance dans une famille conservatrice en Normandie. Une famille qui l'a aimé et chéri et qui lui a donné les armes pour se battre et arriver là où il est aujourd'hui. «Je n'ai pas reçu la gauche en héritage. La gauche, je l'ai choisie, servie et dirigée. Nous avons eu d'éclatantes victoires, mais traversé pas mal de déceptions et de temps durs. L'épopée de la gauche ne se résume pas uniquement au Front populaire en 1936, à la victoire de Mitterrand en 1981, elle doit continuer et être ce fil invisible qui lie les Français avec le Parti socialiste.» Critiquant le président Sarkozy, il estime qu'un seul mot résume sa présidence : la dégradation. M. Hollande a promis d'être le président de la «fin des privilèges», le président qui refuse les «honneurs et qui déteste les palais». Son rêve à lui : grandir la France, l'extirper des tripes des banques et de la finance et réconcilier les Français avec eux-mêmes pour marcher ensemble vers de nouveaux horizons et de nouveaux rêves. Hollande, en guise de conclusion de son discours, a fait sienne la citation de Shakespeare : «Ils ont échoué car ils n'ont pas commencé par le rêve.» Pour le candidat socialiste, la part du rêve est toujours présente dans son projet, même s'il dit être conscient que la réalité est faite de grosses difficultés économiques et sociales.