L'institut français a présenté, lundi en début de soirée, le monologue du talentueux Idir Benaïbouche «le journal d'un fou», une adaptation de la nouvelle de Colas Gogol (écrite en 1835). Le comédien, seul sur scène, sait traduire les souffrances du personnage ainsi que les doutes auxquels il est en proie. Il donne à son personnage une énergie à la fois troublante et convaincante.La pièce, plusieurs fois adaptée, traduite de part le monde, met en scène (pour rappel) un personnage désabusé, presque désespéré, à la limite de la folie, car il est amoureux de la fille de son supérieur, riche et influent, alors que lui, il n'est, à ses yeux, qu'un simple fonctionnaire. Le jeu, qui se déploie dans une scénographie sobre (un cube blanc au centre) mais sombre et qui se veut l'expression profonde de l'état d'âme du personnage et de ses préoccupations, est vif, fluide, rythmé. Rien n'est laissé au hasard. Tout est calibré, dosé. Assis sur une chaise au milieu du plateau, il cogite et campe plusieurs rôles. Il est fou. Il est acteur. Il est homme. Il est spectateur! Aimer alors jusqu'à l'obsession une femme inaccessible, devenir un des grands de ce monde, comprendre le langage des animaux!«Entre déchirure et fou rire, Gogol nous renvoie à nos propres fantasmes, à nos rêveries les plus absurdes – surtout quand elles côtoient le réel, celles qui permettent de supporter les moments gris, monotones et sans perspectives qui peuvent faire une vie. On souffre, on rit, on se questionne. Tout repose sur l'acteur, seul personnage «réel», incarnant par la voix l'un de ses rêves fous, l'une de ses obsessions, celle qui lui sera fatale», commente Adonis Vouyoucas, un acteur connu, à propos de ce «journal d'un fou».