Idir Benaïbouche, un jeune comédien, diplômé de l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et des arts du spectacle (Ismas) de Bordj El-Kiffan en 2010, a interprété, dans un monologue, présenté hier au Palais de la culture, «Poprichtchine», personnage mythique du russe Nicolaï Vasilievich Gogol. Adaptée de la nouvelle Le journal d'un fou, écrite par Gogol en 1835, la pièce met en scène un personnage désabusé, presque désespéré, à la limite de la folie. Car celle sur qui son cœur est porté n'est autre que la fille de son supérieur, riche et influent, alors que lui, il n'est, à ses yeux, qu'un simple fonctionnaire. Le jeu, qui se déploie dans une scénographie sobre (un cube blanc au centre) mais sombre et qui se veut l'expression profonde de l'état d'âme du personnage et de ses préoccupations, était vif, fluide, rythmé. L'action scénique se déroulait sans encombres. Rien n'était laissé au hasard. Tout était calibré, dosé. Tout se faisait en termes clairs, de manière à attirer l'attention du public. Le comédien, aussi bien alerte que certain dans ses gestes, comme dans ses déplacements, savait comment rendre compte de son personnage, le rendre attachant, et, du coup, lui donner autant de visibilité que d'expressivité. Ce dernier, c'est-à-dire le personnage, revêtait une attitude lucide et franche. Le comédien a su traduire les souffrances du personnage ainsi que des doutes dont il est en proie. Il a su donner à son personnage une énergie à la fois troublante et convaincante. Le personnage prenait une évidence naturelle, d'autant plus que la folie dont il est question est présente, perceptible dans l'interprétation scénique par laquelle le comédien s'est distingué. L'on pouvait alors relever chez Idir Benaïbouche de la sincérité, de la spontanéité aussi, notamment dans la façon de le présenter au public, de le faire jouer et évoluer sur les planches. Celui-ci prenait des tournures appropriées à son comportement scénique. Plus de caractère, d'allure et de personnalité. Il était étoffé de la même manière que le jeu, celui-ci s'avérait substantiel. C''était une performance, une prestation, une expression. Notons que cette nouvelle, Le journal d'un fou, a inspiré en 1972 le dramaturge Abdelkader Alloula pour mettre en scène le monologue Homk Salim qu'il joua lui-même.