Les planches du TRSBA ont de nouveau vibré, jeudi en soirée, lors de la générale du spectacle « Homq Salim », d'après l'œuvre de Nicolaï Gogol « Le journal d'un fou » adapté par Abdelkader Alloula, repris et mis en scène par Ahmed Benkhal et interprété par Faycal Blidi, durant lequel nous aurons eu une autre façon d'appréhender l'histoire d'un fonctionnaire qui, peu à peu, s'enfonce dans une sorte de « schizophrénie » et passe lentement à la folie des « grandeurs ». Et l'on observe que son délire extrême le pousse à se croire détenant les clefs d'un pouvoir et à s'autoproclamer souverain d'un royaume imaginaire alors que le réel nous montre que le pauvre Salim se retrouve interné dans un hôpital psychiatrique. Cette satire cinglante contre la bureaucratie traduite dans le théâtre reste l'une des plus marquantes dans la littérature russe et plus largement universelle. Ahmed Benkhal et son comédien Faycal Blidi ont été judicieux à reprendre cette pièce à un personnage dans lequel l'on sera amené à bien comprendre la signification et la performance de la composition d'un personnage et la difficulté de parvenir à vraiment s'imprégner d'une psychologie, d'un comportement et d'une situation où le comédien doit s'investir à fond. Faycal s'est bien arrangé pour apporter sa touche personnelle en nous remémorant les péripéties insensées de Salim et l'ombre de Abdelkader Alloula, tel le spectre de Hamlet, nous a certainement fait « froid au dos » par le truchement de son texte, de sa fameuse diction et de son jeu lourd et profond, soufflant peut-être à l'oreille de notre jeune acteur Faycal l'inspiration de créer un autre Salim propre à lui pour dire que la transmission s'assure en relayant avec son cœur ce lien fraternel et artistique. Pas évident de s'en sortir indemne, cependant l'équipe a bien négocié ce spectacle « sérieux » par le regard sobre et efficace de Benkhal et le jeu simplifié et incisif d'un artiste qui simplement possède un talent fou. L'ovation a été à la hauteur du bien fondé de ce spectacle.