Le ministre des Transports a parlé, en avril 1993 et jeudi dernier, d'un décret en préparation pour réviser l'arrêté du 8 août 1993 régissant le métier de chauffeur de taxi. Le ministre des Transports, Amar Tou, a annoncé, jeudi dernier à l'APN, l'élaboration d'un nouveau cadre juridique portant organisation de l'activité des taxis. Des représentants des chauffeurs de taxi devaient être associés à la rédaction du texte qui permettrait de faire respecter, entre autres, l'obligation de la tarification sur la base du taximètre et la nécessité d'assurer le transport pendant les jours de fête et de nuit. Les professionnels qui soupçonnent un «effet d'annonce», assurent que le ministre a déjà fait cette même déclaration en avril de l'année dernière. «Nos responsables sont amnésiques. Le même ministre a parlé, en avril de 2011, d'un décret en préparation. Aucune commission n'aurait remis ces propositions pour modifier la loi en vigueur (arrêté du 8 août 1993 réglementant le transport effectué par taxi). Même les représentants des chauffeurs n'ont pas été invités à une quelconque réunion. Ce décret n'a pas vu le jour, mais les problèmes des chauffeurs de taxi liés principalement aux dettes accumulées depuis les années 1990, au manque de licences mais aussi à la concurrence déloyale des clandestins persistent», assure Slimane L, un chauffeur rencontré à la place du 1er Mai, où des chauffeurs de taxi sont toujours confrontés, malgré la présence importante de policiers, à une faune de «clandos». Le président de l'Union nationale des chauffeurs de taxi (UNACT), Boukerrou Aziouez, qui assure n'avoir reçu aucune invitation de la tutelle, parle de «clochardisation du métier».«Plus de 2000 permis de place ont été livrés ces derniers mois. Et ce n'est pas encore fini. Ces jeunes apprentis, injectés dans un circuit, déjà saturé, ne bénéficient pas d'une bonne formation et ne peuvent donc pas assurer de bonnes prestations aux clients. La CNEPD donne une formation qui ne sert à rien. Les stagiaires paient 4500 DA pour un stage de 15 jours, sans consistance», relève le président de l'UNACT. Les commissions techniques enterrées ! Le syndicaliste affirme avoir maintes fois réclamé l'application de la réglementation en vigueur et pour essayer d'apporter de nouvelles modifications. «L'Union a toujours plaidé pour la réactivation des commissions techniques nationales et de wilaya. C'est dans ce cadre seulement que les gens du métier peuvent se concerter et faire des propositions pour améliorer la corporation. Seule la commission de discipline tient périodiquement ses réunions», assure Aziouez. Du côté de l'UGTA, c'est aussi l'indifférence par rapport à l'annonce de Tou. «Nous n'avons été associés à aucune réunion de l'administration. L'Union a pu se procurer, il y a plusieurs mois, un cahier des charges sur le métier de chauffeur de taxi. Tout ce qui est mauvais pour le métier a été consigné dans ce document, comme peindre par exemple les ailes du véhicule en bleu. Le métier se portera mieux quand les chauffeurs seront rétablis dans leurs droits», assure Mourad Tabet, responsable au niveau de la section taxi de l'UGTA. L'Union réclame, avant toute révision de la loi, la prise en charge des revendications pendantes des chauffeurs. «Nous n'avons jamais exigé une augmentation des tarifs. Nous exigeons, par contre, l'annulation des impôts accumulés, qui atteignent jusqu'à 30 millions de centimes pour un seul chauffeur de taxi», indique M. Tabet. Le président de l'UNACT prend le contre-pied de son collègue syndicaliste. «Nous souhaitons la révision des tarifications inchangées depuis 2002, et la prise en charge des dettes des chauffeurs. Ce problème qui relève du ministère des Finances peut trouver une solution dans la sérénité. Les chauffeurs doivent gagner dignement leur vie. Les autorités doivent épurer les problèmes passés en révisant le régime des licences, accordés aux moudjahidine uniquement, et en permettant aux chauffeurs d'avoir leur propre station», suggère Aziouez.