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«En France, on s'intéresse peu à la question des camps d'internement»
Sylvie Thénault. Historienne
Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2012

El Watan a récemment rendu compte du livre remarquable de l'historienne Sylvie Thénault, Violence ordinaire dans l'Algérie coloniale (éd. Odile Jacob). (1)
- Pour quelles raisons vous êtes-vous intéressée à l'Algérie colonisée et à ses camps d'internement ?
Je suis d'une génération qui a entendu parler de la guerre d'Algérie à l'époque du mouvement antiraciste des années 1980. J'étais au lycée au moment où le Front national commençait à s'installer dans le paysage politique français, où SOS Racisme se développait, et dans tous les milieux on parlait beaucoup de la guerre d'Algérie. En outre, je vivais à Argenteuil, une ville où le mouvement ouvrier était très fort, une ville qui est restée communiste jusqu'aux avant-dernières élections municipales, on rappelait le passé de J.-M. Le Pen, engagé parachutiste en Algérie, on parlait beaucoup des événements d'Octobre 1961(2). Enfin, j'avais au lycée comme professeur de mathématiques le fils de Maurice Audin(3), Pierre. D'avoir vécu, toute jeune, dans un milieu politisé, de gauche, m'a rendue très sensible à la guerre d'Algérie.
- Oui, mais pourquoi avoir choisi les camps comme objet d'étude ?
Quand je préparais mon livre Une drôle de justice. Les magistrats en Algérie (La Découverte, 2001), j'ai découvert qu'il y avait eu des camps en Algérie pendant la guerre d'indépendance. Un avocat, Albert Smadja, interné au camp de Lodi, m'en avait beaucoup parlé ; j'ai appris, par exemple, que le beau-frère de Maurice Audin avait été condamné, relâché pour raison de santé, puis interné, ou encore que les personnes acquittées par les tribunaux ou condamnées avec sursis étaient placées dans des camps.
Ma thèse une fois terminée, j'ai voulu reprendre cette question. L'époque elle-même m'y poussait : on assiste en 2005 à un vaste débat sur la colonisation, les députés français votent un texte sur sa «positivité» ; se développe également le mouvement des Indigènes de la République, commence à prendre forme une thèse très intéressante – à savoir que les pratiques actuelles d'internement des étrangers, en France, sont l'héritage et la continuation de l'internement colonial. Mon travail sur les camps s'inscrit dans cette perspective. Ce travail, qui doit beaucoup aux Archives d'Aix-en-Provence, a duré 6 ans.
- A-t-il provoqué beaucoup d'échos dans la presse ?
Pas beaucoup : un éditorial dans Le Monde des livres, une note dans L'Humanité, une interview à Radio Beur… Je pense que les médias se réservent pour le printemps. Plus on se rapprochera du début juillet, plus l'Algérie redeviendra «intéressante». Il reste que la question des camps intéresse peu. Pour moi, à l'époque où je faisais ma thèse, c'était un scoop. Je constate qu'en France, on a une vision de la guerre très dépendante du vécu des anciens combattants. On s'est focalisé – à juste titre – sur la torture, les exécutions sommaires, les massacres, mais la répression légale est très minorée lors des discussions. La répression judiciaire, l'internement n'intéressent pas beaucoup. Or, j'ai constaté qu'en Algérie, au contraire, ce sont des questions très importantes, qui concernent le vécu d'un très grand nombre de personnes.
- Avez-vous été aidée, en Algérie, dans vos recherches ?
Pas précisément. Si le gouvernement avait une véritable politique de patrimonalisation des lieux, on aurait des traces beaucoup plus vives des camps d'internement. Si l'Etat avait veillé à la conservation des lieux, si un ancien camp avait été conservé comme musée, on aurait pu retrouver des internés.
Mais rien n'a été fait. Et cela m'a manqué dans mes recherches. J'aurais aimé composer un livre avec des lettres, des photos, des dessins. Pour un historien – mais pas seulement – pareil désintérêt pour ce que le pays a vécu est tragique. Je suis allée à Bossuet (Dhaya) avec l'espoir d'y voir un bâtiment historique. L'ancienne redoute est devenue une caserne occupée par un régiment. Rien n'indique, et demain personne ne saura, à quoi elle a servi pendant la guerre d'indépendance.
- Quelles sont vos prochaines publications ?
Deux ouvrages vont bientôt paraître. L'un dans la collection Idées reçues (éditions du Cavalier bleu). Le principe est simple : on prend une idée reçue et on en discute. J'ai fait un livre, dans cette collection, sur la guerre d'Algérie. L'autre est un ouvrage collectif sur l'Algérie à l'époque coloniale. Nous sommes quatre à le codiriger : Abderahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou auteur d'un livre (Guelma, 1945 Ed. La Découverte) à lire absolument, et Ouanassa Siafi-Tengour.
Cet ouvrage paraîtra en même temps à Paris (éd. La Découverte) et à Alger (éditions Barzakh).
-1) El Watan, 30 janvier 2012.
-2) Des milliers d'Algériens ont manifesté à Paris en octobre 1961 contre la guerre de reconquête.
La répression policière a été très violente, de nombreux manifestants ont été jetés dans la Seine.
-3) Militant pour l'indépendance de l'Algérie, Maurice Audin, mathématicien, a été arrêté par les parachutistes, torturé et exécuté. Son corps n'a pas été retrouvé.


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