L'Autorité palestinienne n'a pas pu faire face à ses obligations envers ses milliers de fonctionnaires. Ces derniers n'ont pas reçu leurs salaires du mois de janvier, et il se peut même qu'ils ne reçoivent rien aussi longtemps que durera le chantage auquel ils sont soumis avec plus d'acuité depuis la victoire du mouvement Hamas aux élections législatives du 25 janvier dernier. Israël refuse depuis dimanche de verser aux Palestiniens ce qu'il leur doit en matière de taxes douanières, et la communauté internationale traîne les pieds. Même les pays arabes à quelques très rares exceptions dont l'Algérie, tardent à honorer leurs engagements. La réunion hier à Alger du comité de suivi du sommet arabe devait se pencher sur cette question d'une extrême urgence. En tout état de cause, l'Autorité palestinienne fait face à une « grave crise financière » depuis près d'un mois, à la suite d'une réduction des transferts d'argent, a déclaré son président Mahmoud Abbas. « La pression a commencé il y a près d'un mois et l'Autorité fait face à une grave crise financière », s'est alarmé le président de l'Autorité palestinienne à Ghaza. « Nous espérons que nous pourrons surmonter cette crise au mois par mois », a ajouté M. Abbas qui a réaffirmé que les élections du 25 janvier avaient été démocratiques et exprimaient le « libre choix de la population » qui devait être respecté, une réponse directe à tous ceux qui contestent ce choix. Il a confirmé que les Etats-Unis ont demandé à l'Autorité palestinienne de leur rendre une somme d'un montant de 50 millions de dollars mais indiqué qu'il y avait un « dialogue » à ce sujet. M. Abbas a précisé que des responsables américains étaient attendus dans les territoires palestiniens « au cours de la semaine prochaine » pour discuter de cette question. Il a exprimé, par ailleurs, « ses regrets » sur le fait que le gouvernement israélien ne considère plus l'Autorité palestinienne « comme partenaire », l'accusant d'avoir opté depuis plusieurs années pour une politique d'« actions unilatérales ». « En toutes circonstances, ils n'ont eu de cesse de répéter ‘'il n'y a pas de partenaire palestinien''. Ce qui signifie qu'ils veulent poursuivre (leur politique) d'actions unilatérales que nous refusons », a-t-il ajouté. Israël a pris dimanche une série de sanctions contre l'Autorité palestinienne qualifiée de « terroriste », alors que le mouvement Hamas a choisi son chef de file Ismaïl Haniyeh comme son candidat au poste de Premier ministre du futur gouvernement palestinien. Israël a décidé de geler dès début mars le transfert mensuel d'environ 50 millions de dollars de fonds correspondant au remboursement des droits de douane et de TVA qu'il prélève sur les produits destinés aux territoires palestiniens. Ces fonds représentent environ 30% du budget de l'Autorité palestinienne et assurent notamment la paye de 140 000 fonctionnaires, dont environ 60 000 policiers et membres des services de sécurité. En outre, Israël a appelé la communauté internationale « à stopper toute aide à l'Autorité palestinienne, hormis l'assistance humanitaire à la population ». Colère mais aussi détermination à ne pas céder à ce chantage. En effet, le président Mahmoud Abbas devait recevoir hier à Ghaza une délégation du Hamas pour charger Ismaïl Haniyeh, de former le prochain gouvernement. Avant les discussions avec M. Abbas, des représentants du Hamas, qui souhaite former un gouvernement de « coalition nationale » auront des entretiens avec d'autres mouvements, notamment les Fronts populaire et démocratique de libération de la Palestine (FPLP et FDLP), pour les inviter à se joindre au nouveau cabinet. Des entretiens à ce sujet sont également prévus dans les prochains jours avec le Fatah, le parti de M. Abbas, bien que plusieurs de ses chefs aient exclu de participer à un gouvernement dirigé par le Hamas. Une fois officiellement chargé par M. Abbas, M. Haniyeh disposera de trois semaines pour former le gouvernement et le faire approuver par le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement). S'il échoue, deux semaines supplémentaires lui seront accordées. Le problème ne se situerait pas au niveau palestinien, mais dans l'environnement international qui a aidé en fin de compte à la victoire de Hamas, et qui veut cette fois sanctionner le peuple palestinien.