La neige a atteint par endroits les 5 mètres et 14 communes du nord-ouest de la wilaya souffrent du manque de certains produits. Tarmlit, qui a fait les frais de l'effondrement d'une montagne bloquant toute voie d'accès, se trouve dans le noir depuis 8 jours. La situation dans plusieurs hameaux de la commune frôle la catastrophe. Notamment à Ahmam, Inftahen, Tanarine, Tizararine et Souk Thenine, des bourgades isolées depuis plus d'une semaine. Aucun engin n'a pas pu les désenclaver ; la neige y a atteint par endroits les 5 mètres. Tarmlit, qui a fait les frais de l'effondrement d'une montagne bloquant toute voie d'accès, se trouve dans le noir depuis 8 jours. Le désarroi de la population est à la fois indescriptible et incommensurable. Souffrant déjà d'un quotidien difficile et d'un environnement hostile, la population n'en peut plus. Elle est à bout. Sans parler du problème du téléphone fixe qui ajoute son grain de sel. Pour contrer un tant soit peu ces conditions climatiques polaires, des groupes de jeunes prennent le risque de parcourir jusqu'à 10 km à pied pour acheminer, sur leur dos, une bouteille de gaz ou un sac de semoule, d'après le président de l'APC d'Aït Tizi (daïra de Bouandas), l'une des communes les plus éprouvées par les avalanches. Même s'il souffle un peu, le premier magistrat d'Aït Nawel M'zada, une autre commune qui a beaucoup souffert du déluge de neige, ne cache pas ses craintes : «Les efforts déployés par les citoyens, les travailleurs de la commune aidés par les engins des entrepreneurs de la région sont venus à bout de la neige bloquant toujours, les villages d'Ignen, Taourirt et Aït Amara. L'impraticabilité de certains axes routiers rend l'acheminement du gaz butane difficile, pour ne pas dire impossible.» Le sachet de lait à 50 DA La situation n'est pas reluisante à Boussellem, l'autre commune de Bouandas, l'une des daïras les plus touchées par les intempéries. «Le dégagement du CW45 Bouandas-Boussellem par Benikhaled demeure difficile sur une distance de 19 km. Dans d'autres communes de la daïra, la situation est presque identique ; les villages de Tizghine, Hliya et Talatmita sont, au moment où je vous parle, toujours bloqués. Le ravitaillement en gaz butane est notre principale préoccupation du moment. On nous a promis pour aujourd'hui une nouvelle livraison de butane que nous attendons avec impatience. L'absence de station d'essence à Boussellem nous prive de gasoil. Ce paramètre accentue nos difficultés», dit le président du conseil municipal de Boussellem, un village où vivent plus de 17 000 âmes. En plus de affres des bourrasques qui ont isolé pas moins de 14 communes du nord-est de la wilaya, les populations de Babors, Serdj Elgoul, Aïn Sebt, Beni Aziz, Maouiya, Tachouda, Oued El Berd, Aïn El Kebira, Amouchas et Tizi n'Bechar pour ne citer que ces centres, n'ont pas résisté aux chutes de neige à l'origine des pénuries de certains produits. Appel de détresse Le déficit s'est répercuté sur les prix, revus à la hausse par certains spéculateurs, qui ont vendu le sachet de lait jusqu'à 50 DA et la bouteille de gaz butane à plus de 1000 DA. «Que peut faire une commune avec un seul chargeur surtout quand la neige atteint 3,5 à 4 m par endroits ? Se trouvant à plus de 2000 m d'altitude, les communes sont sinistrées. Les populations de Cherfa, M'djergui, Ouled Yahia, Tazrout, Djouada et Ouled El Djizi sont coupées du monde depuis plus de 8 jours. En plus des produits énergétiques, les vivres, notamment le lait, font cruellement défaut dans ces régions ; les enfants n'ont pas vu la couleur de ce produit vital depuis des jours. Un adulte comprend et peut résister, mais un bébé n'attend pas», dit avec amertume mêlée d'un sentiment d'impuissance le président de l'APC de Babors, chef-lieu de daïra situé à 52 km au nord-est de Sétif, où des voix s'élèvent pour demander au gouvernement de consacrer une enveloppe spéciale aux zones sinistrées. «Il ne faut pas se voiler la face ; les hautes sphères de l'Etat, qui n'ont pas soufflé mot sur le calvaire vécu par une bonne partie de la deuxième wilaya du pays en nombre d'habitants et d'électeurs, doivent réagir et consacrer un plan spécial pour les zones enclavées, oubliées des années durant», disent de nombreux citoyens, qui pointent du doigt l'Unique qui fait selon nos interlocuteurs, dans le deux poids deux mesures. Isolée des jours durant, Oued El Berd, partiellement désenclavée, crie sa détresse. «On ne va pas de sitôt oublier cette tempête qui a fait très mal à la population de nombreux villages complètement isolés. Les intempéries sont fortement ressenties par la population de Taghzout, sans courant électrique pendant 8 jours. Bloqués par la tempête, les citoyens de Takhroubet, Ouled Ayad, Ouled Mira et Imaaranane ont souffert le martyre. Je dois rendre hommage aux membres de l'association Selsabil de Sétif, qui ont acheminé des vivres aux citoyens de Takhroubet, un village perché dans la montagne», nous a confié le président de l'APC de Oued El Berd, qui attend, à l'instar des autres zones sinistrées, une cargaison des 23 000 bouteilles de gaz butane prévues quotidiennement par les autorités de la wilaya et un quota de 12 000 couffins envoyés par le ministère de la Solidarité nationale…