A cause des conditions climatiques difficiles, Chréa est restée une zone isolée l Il était impossible d'acheminer les vivres aux sinistrés ou d'évacuer des malades à l'hôpital. Investir à coups de millions en devises sans pour autant rentabiliser l'investissement et l'utiliser à bon escient, cela ne peut être que du gâchis. L'exemple du téléphérique de Blida est plus que révélateur. Ouvert durant la fin des années 1980, ce moyen de transport a été aussitôt fermé au public suite à la détérioration de la situation sécuritaire à l'époque et les actes de sabotage touchant ses installations. Il a été rouvert officiellement au mois de janvier 2009 par Amar Tou, ministre des Transports, après des travaux de rénovation et de mise à niveau technologique, assurés par une entreprise française. Ces travaux, inscrits soi-disant dans le programme quinquennal du président de la République, ont coûté plus de 12 millions d'euros. Aujourd'hui, le téléphérique Blida-Chréa ne fonctionne pas, surtout en période d'intempéries. Ainsi, et depuis le début de la vague de froid et des neiges abondantes, ce moyen de transport est à l'arrêt. Et lorsque la RN 37 reliant Blida à Chréa est fermée à la circulation pour cause de neige, c'est cette localité montagneuse qui est isolée. Il y a une semaine, la RN 37 est restée fermée pendant plus de 3 jours, alors que plusieurs familles venues en touristes à la station climatique sont restées coincées, par un froid sibérien, jusqu'à la réouverture difficile du tronçon routier. «On a frôlé la mort», atteste un groupe de «rescapés». «Ah, si la période d'enneigement avait duré !», ont-ils ajouté, choqués. Vocation du téléphérique : tourisme et secours Chréa était alors isolée et il était donc impossible d'acheminer des vivres et de l'eau potable aux sinistrés ou d'évacuer des malades à l'hôpital. En voyant la situation se dégrader, certains «aventuriers» ont regagné Blida à pied au péril même de leur vie (20 km). «Il nous est impossible de faire fonctionner le téléphérique tant que les mauvaises conditions climatiques persistent. La neige et le gel peuvent causer des incidents», nous a déclaré M. Bekalem, directeur de l'Epic chargé du transport urbain et du téléphérique à Blida. Un avis qui n'est pas du goût de Yacine Khechna, président de l'association Les amis de Chréa. «Le téléphérique n'est pas un moyen de tourisme uniquement. En cas de fermeture de l'axe routier, il peut jouer un grand rôle pour apporter secours à des sinistrés ou évacuer des malades. Ça c'est aussi sa vocation», insiste-t-il, avant de poursuivre : «Dans certains pays, le téléphérique fonctionne à plus de 3000 m d'altitude en période de fort enneigement.Chréa est à 1200 m seulement et on n'est même pas capables de réparer de petits problèmes techniques, d'autant plus qu'il s'agit là de sauver des vies humaines en cas d'événements exceptionnels. Quelle honte !» Les habitants de Chréa craignent une nouvelle tempête de neige qui risque de les isoler, d'autant plus que Météo Algérie parle toujours de la persistance de la vague de froid et de neige.