Le froid, c'est pire que la douleur, c'est être malade sans blessure à soigner», disait Madeleine Gagnon-Mahony. Cette évidence que les saisons renient s'est bel et bien vérifiée ces derniers temps lorsque nos chaumières, notamment celles des villages et hameaux juchés là-haut dans les montagnes, ont eu toutes les peines du monde à obtenir une bombonne de gaz propane pour se chauffer ou cuisiner. Autres temps, autres mœurs, la «aoulâ», (stock des denrées alimentaires de base) palliant l'impondérable, n'est plus de mise et n'a plus droit de cité, comme autrefois lorsque la rigueur de la saison hivernale et son manteau épais de neige engourdissaient l'activité humaine. La capitale n'était pas en reste, particulièrement sur les hauteurs de la cité où le mercure flirtait avec le zéro Celsius. Mais qu'en est-il de cette frange de la société dite SDF qu'on a l'habitude de croiser sous les arcades, emmitouflée dans des cartons ou allongée sur une grille d'un fournil en quête de quelque chaleur ? Serait-il juste de pointer du doigt le Samu qui s'est pourtant déployé pour apporter son assistance de circonstance à ces «maisonnées» élisant leurs quartiers dans la rue ? Faut-il être ingrat vis-à-vis des bonnes âmes qui ont volé au secours des mendiants, vêtus de guenilles, la panse vide et transis de froid ? Doit-on fermer l'œil sur les brigades de la Protection civile qui faisaient presque la «chasse» aux sans-abri avant de les conduire dans les structures de la rahma ? Il est vrai qu'il manque à cet élan de solidarité, le concours de certains organismes publics et privés et autres donateurs qui nous ont accoutumés à les voir, à l'orée de chaque mois de Ramadhan, ouvrir leur cœur aux nécessiteux. Ceux-là mêmes qui font œuvre de surabondance pendant le mois de jeûne en tournant la tête sur l'âpre condition que vivent les personnes vulnérables en cette période où les portes des chaumières restent closes. Nul seul geste à inscrire à leur actif. Et on ne peut ne pas avoir une pensée pour Coluche lorsque dans la prose de ses «Enfoirés», il bouscule l'inaction et interpelle le cœur : «Dépassé le chacun pour soi ; quand je pense à toi, je pense à moi ; je te promets pas le grand soir ; mais juste à manger et à boire, un peu de pain et de chaleur ; dans les restos, les restos du cœur (…).» Il y a une chose, cependant, qui suscite le haut-le-cœur. S'il est des SDF dans la détresse, d'autres par contre, n'ont que faire des actions de bon Samaritain. Ils refusent d'être pris en charge par le Samu social, préférant tendre la sébile, surtout lorsque la récolte est de 3000 DA/jour. Voire plus.