L'ancien ouvrier métallurgiste Luiz Inacio Lula da Silva, devenu président de la République du Brésil à l'issue de la très serrée élection présidentielle d'octobre 2002, avait suscité, grâce à son charisme et son courage politique, de gros espoirs parmi une population fortement minée par les inégalités sociales. Il faut dire que le choix porté sur lui n'aurait pas été possible sans le soutien déterminant de la société civile brésilienne. Dès les premiers jours de son investiture, le nouveau Président avait affiché son souhait de « révolutionner » la plus grande puissance politico-économique de l'Amérique latine. Pour ce faire, il a promis une nouvelle vision de développement afin de remettre le pays sur la voie de la croissance économique. D'autant plus que le Brésil a vécu presque dix ans dans une stagnation presque absolue. Parallèlement aux mesures visant la réduction de l'inflation, Lula a entrepris des démarches à même de donner un nouveau souffle à la croissance. Grâce, entre autres, à ce qui est appelé le « crédit consigné », il a stimulé le crédit à la consommation populaire. Cette initiative, faut-il le préciser, a canalisé plus de 20 milliards de réais (8 milliards de dollars). Il a, du coup, multiplié par trois le financement de l'agriculture familiale qui a concerné 2 millions de foyers. Lula a également créé des programmes de transfert de revenu au profit des familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. Près de 9 millions de ménages ont bénéficié de cette opération. Mieux encore, le ministère du Développement social avait alloué, en 2005, près de 17 milliards de réais (7,5 milliards de dollars) à des programmes destinés aux populations défavorisées. Aussi, Lula avait amélioré le crédit aux PME, notamment par le biais de la Banque publique d'aide au développement et de la Banque du Brésil. Il a, en même temps, fortement détaxé les exportations. Le président brésilien a réussi un autre engagement : l'investissement créateur d'emplois. Une moyenne de 650 000 emplois est, en effet, créée chaque année. Sous le mandat du Président Lula, en moins de trois ans, ce sont 3,5 millions d'emplois déclarés qui ont été créés. Autre engagement dont une partie est d'ores déjà concrétisée : le partage effectif des richesses. En ce sens, il faut noter que le Brésil a connu, par le passé, des périodes de forte croissance économique, mais sans vraie justice sociale. Ainsi, afin de réduire le fossé entre les riches et les pauvres, Lula a axé sa stratégie sur le transfert direct de revenus vers les familles les plus pauvres. Cette action a été confiée au ministère du Développement social et du Combat contre la faim (MDS), un département spécialement créé sous l'actuel mandat. L'autre défi de Lula a été la lutte contre la corruption. Jamais un pays de l'Amérique latine n'a vu des gens aussi importants et aussi puissants sous les verrous, accusés de corruption et de dilapidation de deniers publics. Personne n'est épargné : patrons d'entreprises, juges, officiers de police, hommes politiques et hauts commis de l'Etat. Mais dans le sillage de ces scandales, même la réputation du gouvernement de Lula en a pâti. Alors que son principal opposant, le maire social-démocrate de Sao Paulo José Serra, s'efforce de saisir l'aubaine, c'est toute la classe politique brésilienne qui risque d'être discréditée dans un contexte de tension sociale aggravée. La gauche radicale pourrait bien profiter de cette crise.