Cette fois, c'est fait et de quelle manière. Les suffrages ont été à la rencontre des sondages pour confirmer l'écart que le président brésilien sortant a creusé sur son adversaire. Comme prévu, Luiz Inacio Lula da Silva a été réélu triomphalement dimanche au second tour de l'élection présidentielle avec plus de 60% des voix. Lula a obtenu 60,8% des voix contre 39,2% à son rival social-démocrate Geraldo Alckmin. Dans son discours de remerciement aux électeurs, Lula a indiqué qu'il continuerait « de gouverner pour tous mais que les pauvres auront la préférence » dans son prochain gouvernement. Son adversaire Geraldo Alckmin lui a téléphoné moins d'une heure et demie après la fermeture du scrutin pour reconnaître sa défaite. A ce dernier, il faut toutefois reconnaître un mérite. Celui de ne pas avoir baissé les bras et avoir fait preuve de combativité, alors même que les sondages le donnaient perdant avec plus de vingt points d'écart. Lula obtient un score proche de celui qu'il avait obtenu en 2002 lors de sa première élection à la présidence : 61,2% contre un autre membre du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), José Serra, gouverneur élu de l'Etat de Sao Paulo. Le 1er octobre, l'ancien ouvrier métallurgiste et dirigeant syndical devenu président en 2002 avait manqué de justesse la réélection au premier tour. Il avait obtenu 48,6% des voix contre 41,6% à M. Alckmin. Ce ballottage surprise avait été provoqué par le scandale de l'achat d'un dossier anti-opposition par son Parti des travailleurs (PT), intervenu en pleine campagne électorale, à quinze jours seulement du scrutin. Mais le président n'a cessé de progresser dans les sondages pendant la campagne du second tour et au fil des quatre face-à-face télévisés qui ont opposé les deux concurrents. Geraldo Alckmin a concentré ses attaques sur les scandales de corruption du mandat de Lula et dénoncé la faible croissance économique du Brésil face aux autres pays émergeants. Mais le président sortant a pris l'avantage en profitant du flou du programme de son adversaire. Lula s'est positionné comme le défenseur des plus pauvres en s'appuyant sur les bons résultats de la lutte contre l'inflation, sur la hausse du salaire minimum et l'extension des programmes d'aide sociale. Evoquant les axes majeurs de son nouveau mandat, il a déclaré que les pauvres « auraient la préférence » dans son gouvernement et a promis une accélération de la croissance. Lula a souligné que « les bases étaient jetées pour que le Brésil connaisse un saut qualitatif extraordinaire ». Il s'est déclaré certain que le Brésil atteindrait « un niveau de développement qui le ‘‘placerait'' parmi les pays développés ». « Je ne doute pas que le Brésil va croître davantage, va accroître la redistribution des revenus (...). » Le président a dit qu'il poursuivrait une politique budgétaire « dure » parce que « l'on ne peut pas dépenser plus que l'on ne gagne, sinon on s'endette et on ne peut plus payer ». Pour atteindre ces objectifs, Lula dispose de nouveaux atouts sur le plan politique. A la différence de son mandat précédent, la majorité des puissants gouverneurs des 27 Etats fédérés du Brésil, lui sont favorables. Au Parlement, la situation est moins simple. Lula devrait avoir une majorité à la Chambre des députés mais pas au Sénat. Avec de tels atouts, la voie est balisée pour propulser le Brésil dans la cour des grands, mais aussi réduire les écarts sociaux, et moraliser la vie politique et sociale. Plus que des vœux, Lula a promis de s'y atteler. Sans exclure quiconque.