Les procédures de distraction contenues dans l'instruction du Premier ministre ne font à aucun moment allusion à l'APW. Le comble est que même certains membres de la commission d'agriculture ignorent les lois en vigueur. La préservation des terres agricoles ne semble plus préoccuper les élus de l'Assemblée populaire de la wilaya de Boumerdès. C'est le cas de le dire, car cette honorable assemblée a approuvé mardi dernier la décision de distraction de 30 ha de terres agricoles pour les besoins d'extension de la zone d'activité de la localité d'Ouled Moussa. La décision a été prise, selon un élu de la wilaya, en violation de la réglementation en vigueur, notamment l'instruction du Premier ministre daté du 19 avril 2010 relative à la distraction des terres agricoles pour les besoins incompressibles liés à la réalisation des projets publics de développement. «L'action de l'APW est illégale, car la parcelle en question est située en dehors du périmètre urbain. Sa distraction est du ressort d'un comité interministériel comme le stipule la loi», explique M. Mokrani, un élu du FFS, qui accuse le P/APW, M. Boussaïdi, de faire fi des lois de la République. «Moi je l'ai traité de hors-la-loi et aucun autre élu ne s'est soulevé pour dénoncer cette décision contraire à l'avis de la commission de l'agriculture qui a émis un avis défavorable quant à la distraction de la parcelle en question», ajoute l'élu du plus vieux parti d'opposition. Les membres de la commission d'agriculture ont précisé dans leur rapport que la surface appartenant à l'EAC n°1 et 8 Moussaoui Dahmane est située en dehors du plan directeur d'aménagement urbain (PDAU), non encore révisé en raison de diverses contraintes. La commission mentionne également que la parcelle est plantée d'arbres fruitiers, comme elle est traversée de fils de moyenne et haute tension. Mais ces arguments n'ont pas incité le P/APW à annuler le vote en vue de préserver les terres agricoles et garantir la sécurité alimentaire des générations futures. Cela d'autant plus qu'en septembre 2010, la même assemblée s'est opposée contre vents et marrés à la cession de 32 ha de terres à haut rendement agricole pour un privé au niveau de la même localité, justifiant sa position par l'impérieuse nécessité de préserver ce potentiel qui se rétrécie de jour en jour. Une question s'impose alors : est-il concevable d'accepter un projet et d'en rejeter un autre presque de même envergure ? Difficile de répondre.Il est à noter par ailleurs que les procédures de distraction contenues dans l'instruction du Premier ministre ne font à aucun moment allusion à l'APW. La loi en question note que «c'est le comité interministériel qui statue sur les recommandations de distraction qui lui sont présentées par les commissions techniques intersectorielles dirigées par le représentant du ministère de l'Agriculture». Le comble c'est que même certains membres de la commission d'agriculture ignorent les lois en vigueur. La preuve ? La quasi-totalité d'entre eux s'est prononcée en faveur de la distraction de ladite parcelle, située aux abords de 2e rocade reliant Zéralda à Boudouaou. Alors que d'autres n'ont même pas daigné se rendre sur les lieux. L'instruction du Premier ministre reste pourtant intransigeante à ce sujet. Elle édicte que «toute atteinte aux terres agricoles en violation de la loi et des termes de la présente par des administrations et services publics ou par des tiers entraîne des poursuites judiciaires». Interrogé, le P/APW affirme que la surface en question est située à l'intérieur du PDAU, contrairement à ce qui a été mentionné dans le rapport de la commission d'agriculture de l'assemblée. Notre interlocuteur précise que «le dossier leur a été soumis par l'administration», en concédant qu'«il se peut que celle-ci et les membres de la commission aient été induits en erreur». Au-delà des anomalies susmentionnées, la démarche de l'APW n'a pas manqué de susciter l'indignation parmi les citoyens des localités dépourvues de zones d'activité. «Moi je me demande pourquoi à Ouled Moussa, qui est pourtant considérée comme la commune la plus riche de la wilaya», fulmine un habitant de Cap Djinet qui se plaint du chômage.