Les pieds-noirs et les harkis représentent un réservoir de voix particulièrement convoité par la droite et l'extrême-droite. Paris De notre correspondant Le Front national et l'Union pour la Majorité populaire, particulièrement, se disputent à couteaux tirés les 4 millions de voix de pieds-noirs, soit environ 8% de la totalité du corps électoral français. Promesses en tous genres, multiplication de visites dans le sud de la France qui abrite la majorité de cette communauté, bref, tout est fait par ces deux partis pour persuader les pieds-noirs qu'ils occupent une grande place dans les cœurs et les projets de leurs candidats Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy. Après avoir, en 2007, voté massivement en faveur de Nicolas Sarkozy, d'aucuns estiment que les promesses qu'il leur avait faites n'ont pas été tenues. Bernard Coll, secrétaire général de l'association Jeune pied-noir, considère qu'«il (Sarkozy) s'est engagé à prendre des mesures pour reconnaître officiellement la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon de nos compatriotes en Algérie et affirmé qu'il tiendrait toutes ses promesses, mais finalement aucune d'elles n'a été honorée», avant d'ajouter que «même la promesse de donner la priorité aux enfants de harkis, pour qu'ils puissent prétendre à une meilleure insertion professionnelle n'a pas été respectée». Bernard Coll jure que les pieds-noirs vendront, cette fois-ci, très cher leurs voix et au plus offrant. «Nous ne voterons que pour le candidat qui s'engagera par écrit à reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans les massacres d'après-1962, et pour le moment, seule la leader du Front national Marine Le Pen a signé la convention que nous lui avons adressée.» Bernard Coll ajoute «qu'il ne peut pas y avoir d'élu à la présidentielle comme aux législatives de 2012 dans de nombreuses circonscriptions, sans le vote des rapatriés d'Algérie». S'agissant de la célébration du cinquantenaire de la signature des accords d'Evian le 19 mars 1962, le président de l'association Jeune pied-noir a estimé que cette date ne peut pas être une fête (comme le souhaitent de nombreuses organisations d'anciens combattants, ndlr) mais «un jour noir pour les pieds-noirs et les harkis». Selon un décomptage non officiel, la France compterait environ 4 millions de rapatriés si l'on comptabilise leurs enfants. 3,2 millions seraient des pieds-noirs et 800 000 des harkis. Ils vivent en majorité dans des villes du sud de la France, comme Marseille, Toulon, Nice, Béziers, Toulouse, Narbonne ou Montpellier… Il reste à préciser que tous les pieds-noirs n'appartiennent pas à la mouvance «nostalgérique» et ne votent pas à droite et à l'extrême-droite, ils sont très nombreux à se positionner à gauche et à se regrouper dans des associations progressistes qui œuvrent à la construction de liens d'amitié et de passerelles entre citoyens français et algériens.