Comme il a été rapporté dans nos précédentes éditions et comme il n'y a pas de fumée sans feu, voilà qu'à la vitesse de l'éclair, le rideau tombe et tout apparait au grand jour. Perpignan est élevée au rang de capitale « pied-noir ». Les pieds-noirs réclament la reconnaissance de leurs « souffrances » et la responsabilité de l'Algérie. Avant-hier, en marge de l'inauguration du centre de documentation des Français d'Algérie, une nouveauté en France, quelques 1 800 pieds-noirs participaient, au « congrès national du Cercle algérianiste » à Perpignan, ville jumelée avec Mostaganem. Cinquante années après les accords d'Evian qui ont mis fin à une occupation de 132 ans qui a failli faire éradiquer de la surface du globe tout un peuple et une civilisation plusieurs fois millénaire par le feu et par le sang, la gente criminelle et ses enfants d'antan s'organisent pour un retour par la fenêtre après une sortie plus qu'honorable par la porte, léguée par une ALN et un FLN aux grands cœurs. Congrès ou pas congrès, « l'ami de Mostaganem », Jean-Marc Pujol, le maire de Perpignan est désormais déboussolé chez lui avant d'être interdit de séjour sur le territoire algérien. Les Mostaganémois s'organisent pour ce fait. En effet, le cercle algérianiste, pieds-noirs et harkis confondus, n'a pas trouvé mieux que d'inviter et d'accueillir en fanfare le ministre français de la défense, Gérard Longuet, pour relever à l'occasion le ton de la rencontre et rehausser l'importance de l'évènement. Malheureusement pour le président français et pour le ministre qu'il délégua de Paris, le temps n'était point au beau fixe comme il a été calculé. Il y a eu erreur. C'est une foule en colère et surexcitée qui hua le ministre. Si Sarkozy a dépêché M. Longuet à la rescousse, c'est que l'enjeu est de taille. Les pieds-noirs et harkis, ces cocus de l'histoire, comme aimerait à le répéter feu Georges Frêche, forme une coalition qui a toujours claudiqué pour passer de la droite vers l'extrême droite et vice-versa. Et comme l'échec de Sarkozy sur tous les plans est cuisant et que François Hollande et Marine Le Pen risquent de le ranger à jamais dans les archives d'une France bernée par le mobile « sécuritaire et banlieusard », il est impératif que l'Elysée allège l'agonie par les leurres et les artifices. L'UMP et le Front national, mènent un même combat, il n'y a que la dénomination qui change. Concernant la présence de Marine Le Pen, cheffe du Front national à Perpignan, au moment de la tenue du congrès des nostalgiques de l'Algérie Française n'est que pure coïncidence. Elle l'a affirmé mais qui la croira ? Il s'agit bel et bien, au pays de Jeanne d'Arc, de l'étoile de Jésus guidant les rois mages. Sifflets, cris, huées et grand tollé ont accueilli « De Gaulle » quand Longuet évoqua l'œuvre réconciliatrice de ce dernier avec le chancelier allemand Konrad Adenauer. Et c'est ce que prônent plusieurs milieux politiques entre l'Algérie et la France. Et bien sûr sur le dos de l'Algérie. « Je vous affirme que cette année 2012, cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, sera l'année du souvenir et du recueillement, et sûrement pas celle de la repentance", disait M. Sarkozy dans son message lu par M. Longuet. Les hommes et les femmes qui sont partis s'installer en Afrique du Nord pour y travailler et fonder des foyers, loin d'être frappés d'opprobre, méritent notre reconnaissance. En développant l'économie de ces nouveaux territoires, ils ont œuvré à la grandeur de la France ». C'est clair, net et précis pour les Algériens. Les Français étaient venus en masse en pays conquis. Ils n'ont rien à se reprocher. C'est ce que croit dur comme fer Jean-Marc Pujol. La conscience outre-Méditerranée est tranquille. Thierry Rolando, le président national du Cercle algérianiste a insisté par la même occasion sur « l'éternel besoin de reconnaissance du drame que nous avons vécu, de la mémoire de ceux que nous avons laissés de l'autre côté de la Méditerranée. Cinquante ans après l'exil de plus de 900 000 pieds-noirs, c'est aussi l'occasion pour ceux qui l'ont vécu de dresser un bilan sur ce que nous avons été et sur la façon dont nous avons été traités. » Le discours est clair et les horizons sombres entre l'Algérie et la France ne laisseront pas apparaître l'azur avant longtemps. Le discours va à l'encontre de la visée algérienne incarnée en la personne du Moudjahid Abdelaziz Bouteflika même, de la famille révolutionnaire et d'une jeunesse acquise à la cause depuis l'éveil de l'après-décennie noire, la politique négationniste du génocide algérien par la France et l'inutilité des intérêts à sens unique. Harkis et pieds-noirs, surement sans Pujol, l'ami de Mostaganem, sont prêts contre toute attente à voter Front National, lors des présidentielles d'avril 2012, et ce, parce que Gérard quoique applaudi à la fin est venu rappeler à ses dépens les promesses non tenues de M. Sarkozy. Même son de cloche dans les caboches qui n'ont pas digéré que l'Algérie, ce pays-continent, grenier de la France coloniale, devienne indépendant. Avec M. Sarkozy en tête, « la France exclut que le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, devienne une journée officielle de commémoration, comme le voudrait la Fnaca, grande organisation d'anciens combattants. Cette date symbolise pour une grande partie des rapatriés l'exode de centaines de milliers d'entre eux et le début des représailles et des massacres contre les Français et les harkis. » Selon une analyse récente de l'Ifop, le Front national recueillerait 28% d'intentions de vote chez les amis de Pujol, 8,5% de plus que sur l'ensemble des électeurs, par contre dans le sud de la France où ils sont nombreux, Mme Le Pen récolterait 30% des voix. Avec la sensibilisation et la vigilance connue aux Algériens quand il s'agit de leur patrie, les pêcheurs en eau troubles, magouilleurs et calculateurs n'auront plus droit de cité. Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur la presse nationale pour apprécier la dimension de ce qui attend la France officielle qui nargue encore un peuple et une nation qu'elle a malmenés durant plus de 132 ans. Et à travers les réseaux sociaux, les jeunes qui n'ont point connu l'époque des assassinats, des viols, des privations, des couvre-feux et de la torture systématique s'y mettent de la partie et il ne reste qu'à organiser et encadrer cette jeunesse qui ne croit pas en un lendemain sincère dans les relations algéro-françaises. A Mostaganem, ceux qui se frottaient les mains, habitués à faire feu de tout bois, n'auront rien à se mettre sous la dent, car l'heure n'est pas au rapprochement pour organiser des voyages et pèlerinages vers les caves et coteaux, fermes et les orangeraies de Perrégaux sur le dos de ceux qui périrent dans les cuves de la mort. L'Azur est noir. L'heure est au centre de torture de Sidi Ali et Hassi Mameche, aux enfumades du Dahra et à la bataille de la Macta. Des opportunistes, soient les initiateurs du jumelage entre Mostaganem et Perpignan, se voient désormais sur les bancs des accusés. Ils ne savent plus sur quel pied danser. La jeunesse s'organise pour mettre un terme à un jumelage non souhaité aussi bien par les Chouhada que par le dernier nouveau-né.