Le bras armé d'Al Assad ne prête pas trop attention à cette pression diplomatique et continue à tuer des dizaines de personnes par jour. Le ministre tunisien des Affaires étrangères, s'exprimant au nom de ses collègues du pourtour méditerranéen, a mis en garde, hier à Rome, contre un «scénario irakien» en Syrie. «Nous ne voulons pas qu'un autre scénario irakien se reproduise en Syrie. Nous devons préserver l'intégrité de la Syrie», a déclaré Rafik Abdessalem qui s'exprimait à l'issue de la 9e Conférence ministérielle du dialogue en Méditerranée occidentale («5+5» : Portugal, Espagne, France, Italie, Malte et Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye). «Il s'agit d'une position commune», a-t-il prévenu. Néanmoins, il a précisé que les «5+5» se sont tous mis «d'accord pour presser le gouvernement syrien à mettre fin à sa répression». «Nous pensons que (…) nous devons envoyer un message fort au gouvernement syrien. Il y a eu suffisamment de tueries, il doit y avoir un changement politique», a ajouté le MAE tunisien. Ce dernier a toutefois précisé : «Je ne pense pas qu'un pays arabe réclame une intervention militaire, les pays européens n'en veulent pas non plus.» L'idée d'une intervention militaire pour mettre fin à onze mois de répression, qui ont fait plus de 6000 morts, selon les militants, est en effet rejetée par de nombreux acteurs au sein de la communauté internationale. Le plus haut gradé de l'armée américaine, le général Martin Dempsey, a jugé également «prématuré» d'armer l'opposition et qu'une intervention serait «très difficile». La Ligue arabe avait décidé le 12 février de fournir un soutien politique et matériel à l'opposition et demander au Conseil de sécurité la formation d'une force conjointe ONU-Arabes, mais ces idées n'ont reçu jusqu'à présent que l'appui verbal de quelques puissances occidentales. La Chine, qui avec la Russie avait bloqué, rappelle-t-on, à deux reprises des résolutions de l'ONU condamnant la répression, a même prévenu hier qu'un soutien occidental aux rebelles syriens pourrait déclencher une guerre civile, selon le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste en Chine. L'Iran ramène ses navires de guerre Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, a annoncé par ailleurs que le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition syrienne, sera représenté à la conférence internationale sur la crise en Syrie vendredi en Tunisie. «Le Conseil national syrien et d'autres composantes de l'opposition seront représentés à la rencontre de Tunis», a déclaré M. Abdessalem. Vendredi dernier, le chef de la diplomatie tunisienne avait affirmé que le Conseil national syrien n'aurait pas de représentation officielle à cette «conférence des amis du peuple syrien» le 24 février. «Bien sûr que l'opposition doit être présente», a renchéri le ministre italien des Affaires étrangères, Giulio Terzi, pour qui la réunion de Tunis doit être «inclusive». La Tunisie a accueilli le premier congrès de l'opposition syrienne en décembre dernier mais n'a pas officiellement reconnu le CNS. Sur le terrain, la situation a atteint le comble de l'horreur. Le régime syrien a renforcé ses troupes hier dans la ville rebelle de Homs et les maintient en état d'alerte dans la capitale Damas. Homs, la ville martyre, est visée par des bombardements pour le 16e jour consécutif. L'opposition craint un assaut final contre les quartiers rebelles, notamment Baba Amr où la situation humanitaire serait des plus critiques. Cinq civils y ont été tués hier et un autre dans la région de Hama (Centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). A signaler également que deux navires iraniens ont accosté en vue de «former» la marine syrienne. Ils sont arrivés dans le port de Tartous via le canal de Suez. L'Iran est le principal allié du régime dans la région. C'est la seconde fois depuis 1979 que des bâtiments de guerre iraniens accostent dans un port syrien.