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L'amitié piégée de Léon Roches
Un épisode encore méconnu de la vie de l' émir Abdelkader
Publié dans El Watan le 29 - 02 - 2012

Selon Mohamed Boutaleb, président de la Fondation de l'Emir Abdelkader, le traducteur arabisant français Léon Roches
était un espion.
Tlemcen
De notre envoyé spécial
Polémique, lundi après-midi, à la salle de conférences du palais de la culture Imama de Tlemcen, lors du Colloque international «Abdelkader, homme de tous les temps», organisé au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNAPRAH). Mohamed Boutaleb, président de la Fondation Emir Abdelkader, a vivement réagi à l'intervention de l'éditeur français Claude Alzieu sur «l'amitié indéfectible» entre l'Emir Abdelkader et Léon Roches, présenté comme «traducteur particulier» du fondateur de l'Etat algérien moderne. «C'est faux ce que vous racontez. Léon Roches était un hypocrite», a explosé Mohamed Boutaleb. Claude Alzieu a fait lecture de lettres qu'auraient échangées l'Emir Abdelkader et Léon Roches après leur séparation en 1939.
«Le mot amitié figure dix-neuf fois dans ces lettres. Les deux hommes s'étaient rencontrés alors qu'ils avaient 28 ans. Ils avaient partagé leur vie entre 1937 et 1939. Ils avaient partagé la tente, les vêtements, les repas, les prières, l'intimité et les chevaux. En pleine bataille, Léon Roches avait accompagné l'Emir Abdelkader à dos de cheval pour visiter sa mère malade, habitant à 150 km», a-t-il relevé. Selon lui, l'Emir Abdelkader aurait envoyé dix-neuf lettres à Léon Roches entre 1848 et 1883. Claude Alzieu a fait lecture d'une lettre qu'aurait envoyée l'Emir Abdelkader le 22 février 1883 à Léon Roches trois mois avant sa mort : «Je t'adresse les hommages dont tu es digne et je m'informe avec une égale sollicitude de l'état de ta santé et de ton cœur (…)».
L'intervenant a conclu que ces missives et témoignages qu'a laissés Léon Roches dans le livre Trente-deux ans à travers l'Islam (paru en 1904), permettent de croire de l'existence de l'amitié entre les deux hommes. Idris Jazaïry, ancien ambassadeur, a préfacé le livre Trente- deux ans à travers l'Islam que Claude Alzieu a réédité en 2009, avec un texte soulignant la contribution de l'Emir Abdelkader aux droits humanitaires et au dialogue interreligieux. L'universitaire Zidane Meribout a commenté le même ouvrage en évoquant l'Islam soufi. «Après le traité de la Tafna, Léon Roches, qui avait appris l'arabe, avait rejoint l'Emir en décembre 1837 pour l'aider dans sa tâche civilisatrice. Il s'était converti à l'Islam. L'Emir lui avait donné le nom de Omar et l'avait envoyé à Tlemcen faire ses études coraniques. En mars 1838, Léon Roches avait accompagné l'Emir à Aïn Madhi pour faire le siège de la zaouia Tidjania (les rapports de l'Emir Abdelkader avec la Tidjania étaient conflictuels, ndlr). Roches était devenu le secrétaire intime et l'homme de confiance de l'Emir Abdelkader», a expliqué Claude Alzieu.
Selon lui, la reprise des hostilités avec l'armée d'occupation française avait amené Léon Roches, en octobre 1839, à annoncer à l'Emir qu'il n'était plus musulman. «Il quittait Abdelkader et ne le reverra jamais. Il devait poursuivre une carrière consulaire et diplomatique», a-t-il noté. Pourtant, plusieurs écrits d'histoire ont rapporté que Léon Roches était, en fait, le traducteur de l'armée française en Afrique, puis sous-lieutenant de cavalerie dans la Garde nationale d'Algérie entre 1835 et 1839, autrement dit durant la période pendant laquelle il avait connu l'Emir Abdelkader. Léon Roches était-il un espion au service du général Thomas Robert
Bugeaud ? Zidane Méribout, dans le commentaire du livre Trente-deux ans à travers l'Islam, a clairement indiqué que Léon Roches, «le secrétaire arabisant», avait tout observé : la personnalité de l'Emir, l'organisation de son camp et son armée, sa manière de rendre la justice et de prélever les impôts, sa sobriété, sa foi, son mysticisme, sa stratégie de s'imposer, ses rapports avec les autres chefs religieux… «Rien n'échappe au regard de Léon Roches. Il avait dévoilé les forces en présence sur la terre algérienne, décrit les tribus ayant fait allégeance à l'Emir, notamment les adeptes de la confrérie Al Qadiria…», a écrit Zidane Méribout.
Selon le même universitaire, l'Emir Abdelkader aurait livré une guerre à une tribu wahabite qui avait refusé de s'engager dans le combat contre le colonialisme. Claude Alzieu a repris un portrait de l'Emir Abdelkader Al Husseini dressé par Léon Roches : «Enfin, j'ai vu Abdelkader. Je suis sous le charme inexprimable qu'a exercé sur moi ce champion de l'islamisme (à l'époque islamisme signifiait Islam, ndlr). Etaient fixés sur moi ses beaux yeux bleus bordés de longs cils noirs. Son teint blanc a une pâleur mate, son front est large et élevé, son nez est fin, ses lèvres sont minces sans être pincées, sa barbe noire et soyeuse encadre légèrement l'oval de son visage expressif, sa main maigre et petite est remarquablement blanche… Son système musculaire indique une grande vigueur».
Selon Claude Alzieu, Léon Roches (qui avait rejoint plus tard le ministère des Affaires étrangères, en devenant consul à Tripoli puis ambassadeur de France au Japon) a fait traduire toutes les lettres à l'Ecole des études orientales à Paris. Des missives détenues par la famille de Léon Roches. «Peut-être l'Ecole des études orientale a-t-elle gardé des copies des lettres pour qu'on puisse les authentifier, puisqu'il n'y a que le livre de Léon Roches, sorti en 100 exemplaires seulement. Les chercheurs doivent expliquer comment l'Emir avait entretenu des rapports avec un homme qui l'a trahi. Nous n'avons pas les lettres de Léon Roches qu'il avait envoyées à Damas où se trouvait l'Emir Abdelkader», nous a-t-il confié après la conférence. Rencontré également après l'intervention de Claude Alzieu, Mohamed Boutaleb nous a déclaré que Léon Roches était un espion envoyé chez l'Emir Abdelkader. «Il ne s'est jamais converti à l'Islam, comme il n'avait jamais épousé une femme algérienne qui serait tombée amoureuse de lui.
L'Emir s'est servi de Léon Roches comme interprète. Il lui traduisait les journaux. Il s'était aperçu de sa trahison. Il avait voulu l'exécuter. La nuit-même, il avait fui rejoignant le général Bugeaud. Claude Alzieu a donné la fausse version française démentie par les historiens. La vision des Français sur l'Emir Abdelkader ne changera jamais», a soutenu Mohamed Boutableb. Citant un chercheur allemand, Abdelaziz Raselmal de l'université d'Alger a estimé que l'amitié de Léon Roches avec l'Emir Abdelkader était piégée. «Léon Roches n'avait jamais voulu de la vie arabe qu'il trouvait sinistre. Il voulait trouver une place près de l'Emir Abdelkader pour être au courant de secrets», a souligné l'universitaire.


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