Nous poursuivons la publication de révélations sur les pratiques douteuses dans la résidence universitaire Mahmoud Mentouri sous la responsabilité du directeur précédent. Les informations livrées dans une récente édition jettent la lumière sur les pratiques de faux et usage de faux et de facturation de complaisance qui forment le trafic juteux dans le marché des lignes de transport des résidents. De nouveaux documents, qui se trouvent en notre possession, poussent encore plus loin les limites du trafic qui, de surcroît, est dénué de toute subtilité. Il s'agit de factures relatives aux mois d'octobre et novembre 2004, toutes entachées d'irrégularités et gonflées délibérément pour le compte des bénéficiaires et leurs complices dans l'administration. Les prestataires facturent, en effet, leurs services pour 31 jours le mois, sachant que les étudiants n'ont pas cours les vendredis par exemple, y compris pour les sollicitations exceptionnelles majorées de 50% du coût journalier estimé environ à 6000 DA. Ainsi, l'Etat paye des services qu'il ne consomme pas, rien que pour les beaux yeux de ces petits malins. Notre réel objet concerne cette fois le marché des travaux de bâtiment où il y a, comme on dit, à boire et à manger... copieusement. La vache à traire est très généreuse. Dans un rapport d'expertise établi par un bureau d'études de Skikda à la demande de la direction actuelle, plusieurs cas de fraude sont décelés à travers des factures dressées durant l'année 2005. C'est le cas pour la facture datée du 22 mai 2005 relative aux travaux de fouille en tranchée et de remplacement des buses d'assainissement réalisés par une entreprise privée. Le rapport de l'expert constate que la distance des fouilles ne dépasse pas 149,136 m au lieu des 260 m déclarés dans le détail quantitatif et estimatif dans ladite facture. La même chose pour le remblaiement ainsi que la longueur du réseau de buses qui passe du simple au double. Les photos portées sur le document montrent que des regards facturés n'ont pas été réalisés et que les travaux sont frappés de plusieurs anomalies et ne correspondent guère à ce qui est inscrit sur la facture. Ces travaux ont été pourtant réceptionnés et payés par-dessus le marché, par un mandat de paiement daté du 3 juillet 2005. Pis, le paiement a été fait par chèque contrairement à la règle qui impose le mode de virement. Ce même mandat de paiement touche trois autres factures pour des travaux que l'expert n'a pu cerner ni quantifier « à cause de l'éparpillement des travaux et l'absence de schéma descriptif qui situe les sites réparés », relève-t-il dans son rapport technique. L'expert a établi deux autres rapports concernant la confection d'une plateforme en béton armé et autres travaux de réfection des douches et cuisines. De la même manière, il a constaté que les travaux réalisés correspondent à peine à la moitié des travaux facturés, et que les prix pratiqués dépassent le double de ce qui est d'usage sur le marché. A titre d'exemple, la somme totale des travaux facturés et non réalisés concernant la confection de la plateforme s'élève à près de 930 000 DA ! Eloquent. Ces factures ont été visées par le chef des travaux et le directeur de la cité Mentouri à l'époque et attendent leur paiement. Le préjudice, quant à lui, est saignant. Par ailleurs, la technique de double facturation est tout aussi usuelle dans ce chapitre où l'on remarque que le même entrepreneur a décroché l'ensemble des marchés pour cette période. C'est le cas pour la facture touchant les travaux de réfection au niveau DE portant le numéro 14/04 en date du 4 octobre 2004 et qui reparaît sous le numéro 09/05 en date du 26 juin 2005. Si la direction des œuvres universitaires Centre ne remarque pas le pot aux roses, elle risque de payer une facture qui a déjà été payée par la résidence avant la restructuration du secteur qui a eu lieu l'année dernière. Avec quelque 1800 résidents, la cité Mentouri se classe parmi les plus importantes à Constantine et consomme un budget annuel de 400 millions de dinars.