La concurrence et une vague de déstabilisation dues à un conflit syndico-syndical, qui remonte à une année n'arrangent pas les choses. Avec une capacité de production de 9 millions linéaires/an, avec trois équipes et un effectif pouvant atteindre 1500 travailleurs, ce qui fut le fleuron de l'industrie locale se limite, après une première compression des effectifs approuvée dans les années 1990, à 400 employés et fonctionne avec 40% de ses capacités de production soit seulement une équipe. Aujourd'hui, elle est encore redevable, à l'égard des banques, d'importantes sommes qui remontent à l'époque où l'usine était obligée de s'endetter pour survivre, et parfois pour réaliser les commandes qui lui étaient passées par les responsables centraux. Environ 50% des recettes sont actuellement réservées à ces dettes. L'achat de la matière première dont le taux est estimé à 80% des dépenses interdit au complexe toute possibilité d'évolution, et menace même son existence. Diverses mesures incitatives fiscales, parafiscales et bancaires sont à même de faciliter le redressement financier de l'entreprise.« C'est aussi une possibilité, dira M. Reziguia, directeur général de Lasa, pour le complexe de se redéployer dans le cadre d'un partenariat ou d'un actionnariat salutaire pour le complexe inscrit sur la liste des 1200 entreprises à privatiser à l'échelle nationale. Une main-d'œuvre stable et qualifiée, une expérience de plusieurs années dans le domaine du textile et les moyens existants au sein de l'entreprise sont autant de facteurs favorables à la relance du secteur du textile dans la wilaya de Souk Ahras, capable d'être érigée en pôle de l'industrie lainière pour peu que des moyens de protection de la production nationale soient mis en place par l'Etat. » Le marché national étant inondé par une marchandise esthétiquement meilleure et de moindre coût, bénéficiant de surcroît de plusieurs autres avantages, l'absence des charges fiscales, entre autres, la fiabilité devient presque impossible devant les containers importés depuis l'autre rive de la Méditerranée ou les ballots de fripe en provenance de Malte, de Libye ou des pays asiatiques. Ce marché ouvert, qui pourrait être impitoyable pour les faibles, impose la création de nouvelles opportunités d'affaires et de conquête des marchés que seul un partenariat sérieux est susceptible de concrétiser. Lasa compte cependant faire exception par rapport à ce marché en renforçant quelques nouveaux supports. Le tissu bi-extensible à titre indicatif qui serait, selon le directeur du complexe, « porteur est capable d'insuffler un sang nouveau à cette entreprise » que certains milieux veulent précipiter vers le bradage. Concernant la démission collective des rangs de l'UGTA des 388 travailleurs du complexe sur un effectif global de 400 employés, le directeur du complexe n'a pas lésiné sur les mots pour affirmer qu'« il s'agit d'un conflit syndico-syndical et que l'adhésion ou la démission des travailleurs n'engagent en aucun cas la responsabilité des administrateurs. Dénonçant par la même occasion une série de harcèlements, des tentatives de pression, et des lettres « fantômes » adressées à la direction générale du groupe sans en informer l'administration du complexe. Le directeur confirme son « refus de faire pression sur les travailleurs telle qu'insinuée dans une correspondance signée par le bureau de l'Union de wilaya de l'UGTA, dont une copie a été remise à la rédaction, pour y imposer des élections d'une section syndicale avec un arrière-plan, une tentative d'ingérence dans la gestion du complexe. Des raisons de sécurité ont été également invoquèes par M. Rezaiguia qui a tenu à rappeler qu'une première tentative d'y installer une section syndicale avait dégénéré en troubles à l'ordre de l'entreprise voire en batailles rangées entre organisateurs et contestataires.