«Un fleuron de l'industrie dans la région Ouest est en train de s'éteindre dans l'indifférence totale. L'effervescence a gagné les travailleurs depuis que la direction a décidé d'opérer une compression parmi les effectifs de l'entreprise et de vendre aux enchères publiques certains équipements de production. Cette décision est qualifiée de énième trahison par les travailleurs qui reprochent à leur direction de vouloir enterrer, et au plus vite, le complexe qu'ils considèrent comme un patrimoine de l'industrie agroalimentaire à l'Ouest du pays. «Cette décision va à l'encontre des intérêts des travailleurs et de l'entreprise et traduit la volonté de casser le CLO», dira un syndicaliste. Pour parer aux décisions de la direction, les travailleurs ont décidé d'entamer un mouvement de grève illimitée et de bloquer les accès du complexe pour empêcher les soumissionnaires de consulter les équipements et de souscrire à la vente. «Ces équipements ont coûté au Trésor public plus de 8 milliards de centimes et nous avons la certitude qu'ils seront bradés parce qu'ils vont servir aux intérêts de ceux que le CLO dérange», avouera un syndicaliste. Le mouvement de protestation qu'ils viennent d'entamer constitue un ultime recours pour les travailleurs qui déclarent qu'il est vrai qu'ils n'ont pas déposé de préavis de grève, mais qu'ils se sont retrouvés contraints d'agir de la sorte en raison des développements rapides qu'a connus la situation du complexe. Plusieurs travailleurs reprochent à leur direction de prendre toujours des raccourcis quand l'avenir du complexe est menacé. «Au lieu d'entamer un dialogue avec les travailleurs et leurs représentants, la direction a toujours préféré la fuite en avant. L'année dernière, elle avait procédé à la vente d'une partie du matériel pour un montant de 800 millions de centimes et mis au chômage plus de 200 employés alors qu'avec le dialogue et la concertation, on pouvait remettre à flot l'entreprise», déclarent des syndicalistes qui se disent mobilisés pour défendre leur gagne-pain et s'opposer à toutes les tentatives de l'entreprise de fermer le complexe. La direction, pour sa part, soutient que la décision de vendre aux enchères publiques une partie des équipements est inévitable pour parer aux problèmes financiers qui entravent la gestion du complexe. De plus, les produits laitiers mis sur le marché n'attirent pas les consommateurs qui leur préfèrent ceux des concurrents que sont le complexe de Sidi Saâda (Relizane), Mostaganem ou encore Saïda. Le mal qui ronge le CLO remonte aux années 90 quand la dynamique de restructuration des entreprises du secteur public a été entamée. Plusieurs syndicalistes déclarent qu'au lieu de penser une restructuration basée sur les potentialités de l'entreprise, on a préféré des remèdes sans aucune incidence sur les maux qui pouvaient compromettre à la moindre alerte l'avenir du complexe. Aujourd'hui, le mal a empiré et n'importe quelle solution proposée ne pourra être envisagée sans un coût social qui aura pour victime les seuls travailleurs. Les voies du dialogue sont rompues et chacun campe sur ses positions. Mais jusqu'à quand?