Le conflit entre les deux clans du syndicat s'est étalé au grand jour. «Nous vous l'avions bien dit», nous déclare un douanier. La grève de deux jours, qui devrait avoir lieu hier, annoncée par le syndicat controversé des douanes, n'a pas eu lieu. Pire, le conflit syndicat-administration s'est transformé en un conflit syndico-syndical traduit par des querelles sans précédent, entre la section de la DGD conduite par Bougdia et le camp de Ahmed Badaoui. L'appel au débrayage de ce dernier, n'a, semble-t-il, pas trouver écho chez les douaniers. Hier matin, le siège de la direction générale des douanes s'est transformé en un lieu de disputes entre les syndicalistes. Les partisans du contre s'en sont, en fait, pris aux initiateurs de la grève qui, dès le matin, ont sommé les administrateurs de la DGD de se joindre au mouvement. Résultat, les travailleurs ne savaient plus où donner de la tête, ni à quel saint se vouer. Certains ont essayé de calmer les esprits, apparemment, chauffés depuis des mois, en priant leurs collègues de prendre en compte les intérêts des travailleurs avant tout calcul syndical. Il serait plus difficile pour le président du syndicat de donner le taux de suivi de cette grève puisque, plus loin que le siège de la direction, c'est-à-dire au port et à l'aéroport, principaux endroits où le mouvement de protestation devait avoir un impact, les douaniers ont vaqué à leurs occupations quotidiennes sans que rien indique un quelconque mouvement de grève. Idem pour le Centre des statistiques (Cnis). Aucun douanier n'a apparemment répondu à l'appel du syndicat de Ahmed Badaoui. Tout porte à croire que les conflits se situent ailleurs. Selon des sources concordantes, les réformes engagées depuis quelque temps y sont pour beaucoup. Cette hypothèse a été confortée par le fait que le ministère des Finances avait déjà répondu favorablement aux revendications vieilles d'une année. Il ne reste qu'à se poser la question: pourquoi annonce-t-on une grève pour obtenir des droits déjà acquis agrémentés par une imminente augmentation des salaires? Y a-t-il une erreur d'approche de la part du DG Sid-Ali Lebib qui est en charge d'exécuter les reformes de la douane ? Il est toutefois difficile de répondre à la deuxième question puisque le fond des choses est vraisemblablement un tabou dans les milieux de la douane. «On a toujours jalousement occulté les vrais problèmes en les transformant en conflits sociaux», nous avoue un jeune douanier qui a déclaré vouloir rester en dehors de ce conflit syndico-syndical. Par ailleurs, et répondant à l'appel de leur syndicat, les douaniers du port et leurs homologues de l'aéroport d'Oran se sont mis en grève. Cet arrêt de travail, décrété pour deux jours, vient rappeler à la direction générale de la douane, ses engagements contenus dans le protocole paraphé, le 14 avril 2001 avec les représentants de la Fédération des travailleurs des douanes. Ce document, qui contient une série de revendications à caractère socioprofessionnel, devait en principe régler les conflits qui minent les rapports entre les travailleurs du secteur et leur tutelle. Pour rappel, le syndicat des travailleurs des douanes avait revendiqué une augmentation des salaires à hauteur de 20%, de la prime de rendement et celle du reliquat qui devrait rester effective même après la retraite. Il avait, en outre, exigé l'ouverture de formations pour le personnel administratif par l'organisation de concours transparents et de faire bénéficier les éléments méritants des douanes de promotion pouvant leur assurer une évolution dans leur carrière professionnelle. L'arrêt de travail a été suivi à 100% au port d'Oran où environ 600 douaniers se sont mis en grève tout en assurant un service minimum pour les produits périssables ou dangereux. Hier, seul le navire «Zéralda» en provenance d'Alicante a été traité et aucune autre activité n'a été relevée. Des sources syndicales ont affirmé que malgré l'opposition du syndicat de la direction générale, le mouvement décidé a été largement suivi, ce qui laisse penser à l'existence de différends dans la famille du syndicat des douanes.