Vendredi soir, au stade du Caire et au bout d'un long suspense ponctué par la pressante série de tirs aux buts, l'Egypte a remporté, fort logiquement, la 25e édition de la CAN, établissant au passage un record qui n'est pas à la portée du premier venu. C'est-à-dire, elle a inscrit son nom pour la 5e fois sur les tablettes du sacre continental. Le peuple du Caire a joyeusement célébré le triomphe des Pharaons face à des Eléphants de Côte d'Ivoire qui n'ont pas démérité. Le coach égyptien, Hassan Chehata, a trouvé les mots justes, en fin de partie : « La finale a été difficile pour les deux équipes. J'avoue que j'ai eu peur en fin de partie. Après le but refusé à Amr Zaki et le penalty raté par Ahmed Hassan, je me suis dit que notre chance est passée. Heureusement, sur le terrain, les gosses se sont montrés héroïques. Les penalties, c'est toujours pareil. C'est la loterie. La chance nous a souri et c'est tant mieux pour l'Egypte. La Côte d'Ivoire n'a pas démérité parce qu'elle a raté deux ou trois occasions de scorer ». Même son de cloche chez capitaine Ahmed Hassan : « C'est la victoire d'un groupe qui n'a jamais douté, depuis le premier jour du tournoi. Nous sommes contents de cette performance qui atteste de la valeur de notre groupe ». Le meilleur joueur de la CAN 2005, distingué par MNT, sponsor majeur, sud africain, de la CAN 2006, récupère son souffle au milieu d'une nuée de journalistes égyptiens au centre du terrain, ajoute : « L'Egypte possède une équipe perfectible qui a besoin de calme et moins de pression pour aller de l'avant. A présent, il faut laisser les gens travailler sans chercher à les perturber ». Avant qu'il n'achève sa phrase, la question fuse de la bouche d'un journaliste : « Qu'avez-vous ressenti au moment du penalty raté ». Le meneur de jeu des Pharaons souffle un bon coup et enchaîne : « Je crois avoir répondu à cette question en tirant le premier penalty de la série. J'ai évacué de mon esprit le premier et me suis totalement concentré sur la série ». Il était temps pour lui de souffler un peu, avant de répondre à d'autres questions... sur son portable et en tenue de joueur. A quelques mètres de son capitaine, le jeune Barakat, happé par les journalistes, écrasé par cette soudaine notoriété semblait mal à l'aise face aux micros et appareils photos : « Nous remercions Dieu pour cette grande réalisation. Nous avions puisé dans nos ressources et notre foi pour sortir vainqueurs de la finale. Elle a été dure aux plans mental et physique. La Côte d'Ivoire est un adversaire redoutable. Je suis heureux, nous avons accompli notre mission et procuré un immense bonheur au peuple égyptien ». Ce mot est revenu très souvent dans les déclarations d'après-match, côté égyptien. Les Ivoiriens n'ont pas préféré s'exprimer en fin de partie. Ils ont choisi de rejoindre directement les vestiaires après la cérémonie de remise du trophée. Ali Aboutrika, l'auteur du penalty de la victoire, était un homme heureux : « On ne pouvait rêver mieux. On a été à la hauteur de la confiance placée en nous par ces millions de supporters. Ce soir, j'ai vécu les meilleurs moments de ma jeune carrière de footballeur. A présent, j'aspire à une seule chose, partir jouer dans une grande équipe en Europe ». Alors que sur le terrain, les joueurs n'en finissaient pas de répondre aux questions, de poser pour immortaliser cet instant magique. Dans les tribunes, les supporters font la fête, et ils vont la poursuivre jusque dans les rues de la mégapole cairote. Les Cairotes ont célébré la victoire jusqu'à l'aube. Le concert de klaxons, les jeunes qui chantaient et dansaient dans la rue, des familles entières descendues dans la rue sont des images qui resteront gravées dans la mémoire collective des Egyptiens. L'Egypte a gagné tous ses paris.