Pour Louisa et ses filles, le 8 mars est un jour de misère comme les autres. Le seul garçon, malade mental, est attaché avec des chaînes La misère humaine n'a-t-elle donc pas de limites ? C'est ce qu'on se demande à la vue de Louisa Hamoudi, une mère de famille dont le quotidien n'est que lutte continue contre la pauvreté extrême. Cette femme, au regard à la fois humble et résigné, survit en compagnie de 6 enfants dont un handicapé mental, et n'a pour seul abri qu'une chambre d'à peine 15m⊃2; au milieu d'une cour (houch), appartenant au père de son défunt mari, ne disposant même pas des commodités les plus rudimentaires. Louisa raconte que suite au décès de son mari en 2008, elle s'est retrouvée sans la moindre source d'argent. Depuis ce temps-là, sa famille survit grâce à la générosité d'autrui. «Leur père travaillait chez les autres pour subvenir, tant bien que mal, à nos besoins», se rappelle-t-elle. Dans ce cagibi sans une salle d'eau, les 5 filles en âge de la scolarité partagent le calvaire avec leur mère impuissante et regardent passer leur enfance dans la privation totale. Etudier dans ces conditions extrêmes est un pari inouï, surtout pour l'aînée qui passe son bac cette année. L'état de leur frère n'est pas fait pour aider. Bilel, âgé de 24 ans et aîné de la famille, accueille les visiteurs avec un sourire qu'on ne le rend que rarement. Handicapé mentalement à 100%, Bilel est enchaîné à un canapé dans un coin de la chambre. Lui, le garçon débordant d'énergie, n'a pour champ de mobilité que les 50 cm de sa chaîne. «C'est la seule solution dont on dispose pour que ses sœurs puissent cohabiter avec lu », justifie la mère. Elle explique qu'il est impossible de le laisser libre à la maison, tant il est turbulent et irresponsable envers ses actes. Il jette tout ce qui lui passe par la main sur le réchaud allumé, provoquant ainsi plusieurs débuts d'incendies.
Menace d'expulsion Hayat, sa sœur cadette, raconte le calvaire de ses sœurs, notamment celles en classe d'examen: «Il ne les laisse jamais réviser; il se déshabille et fait ses besoins devant elles. Ce n'est vraiment pas évident pour des adolescentes.» Quant à envisager de l'interner, Louisa rejette l'idée en bloc: «J'ai vu comment on traite les malades mentaux à l'hôpital psychiatrique, je ne le permettrai jamais !» La solution pour Louisa commence par avoir un logement. «Si j'avais une maison décente, je pourrais travailler», dit-elle. Elle explique à ce sujet, qu'elle a déposé un dossier au niveau de la daïra pour bénéficier d'un logement, que des responsables ont visité son foyer, mais qu'elle est en attente d'une réponse qu'elle soupçonne de ne jamais arriver. Le malheur venant rarement seul, cette famille se trouve maintenant menacée d'expulsion. En effet, le fait que le propriétaire du houch est décédé après son fils héritier, les exclut de l'héritage familial, selon la loi. Cette même famille n'exprime, selon la veuve, aucun intérêt pour eux et les persécute à longueur de journée: «On préfère ramener l'eau potable de l'extérieur, tant il y a des conflits entre nous», a-t-elle affirmé. Le cas de Louisa et ses enfants est un exemple de l'échec de la politique de solidarité sociale et une preuve vivante du règne de la bureaucratie. C'est aussi une honte pour Batna où les super riches se comptent par centaines !