Après avoir failli passer sous le giron de l'industriel italien Pellicano, le Mouloudia club d'Alger (MCA) pourrait échouer, dans quelques semaines, entre les mains d'un autre chef d'entreprise, Eddir Loungar. Paris. De notre correspondant C'est en tout cas le projet qu'échafaude ce Franco-Algérien de 41 ans, gérant de LM Holding, dont les tractations avec le vieux club algérois pourraient aboutir d'ici la fin du mois de mars. Entreprenant et dynamique, ce jeune manager est à la tête d'une kyrielle d'entreprises dans des domaines aussi variés que le gardiennage et la prévention, la restauration, la formation professionnelle ou encore l'immobilier. Un petit empire en France et à l'international qui pèserait 100 millions d'euros (bilan de l'exercice 2010), et emploierait un effectif de près de deux mille personnes. Mais, pour se hisser à ce niveau de réussite économique, l'enfant de Fonbouillant, quartier populaire de Montluçon (dans l'Allier) a souvent dû mettre les mains dans le cambouis. Deuxième enfant d'une fratrie de quatre (deux sœurs et un frère), le businessman quitte son Auvergne natale pour la capitale française, à seulement 18 ans, et avec pour seul bagage, le BEP (Brevet d'études professionnelles) en mécanique. Après un passage dans le corps des sapeurs-pompiers de Paris, Eddir Loungar décide de créer, à l'âge de 23 ans, Bodyguard. Cette première société, spécialisée dans le gardiennage et la sécurité, est son rite de passage gagnant dans le milieu des affaires. C'est également une belle réussite financière, avec un chiffre d'affaires de 27,5 millions d'euros et un effectif de 986 personnes (exercice 2010). En choisissant le créneau du haut de gamme dans ce secteur d'activités, le Montluçonnais a su gagner la confiance de prestigieux clients, à l'instar de nombreux ministères et collectivités territoriales français, de l'Oréal, de TF1 ou encore de Hermès. Son professionnalisme et sa rigueur lui permettront même de décrocher la norme ISO 9002 dès 1994 et d'être la première société de sécurité au monde certifiée QSE (qualité Iso 9001sécurité OHSAS 18001 environnement Iso 14001). Insatiable, malgré le succès de son entreprise, le self- made-man se découvre des envies de s'élever toujours plus dans l'échelle sociale. Lors d'une discussion professionnelle avec un ministre, le fils d'immigrés algériens constatera l'écart qui le sépare des élites et de ses codes. Sa stratégie sera désormais limpide : travailler plus pour gagner plus de crédibilité. Ce père de famille, deux fils de 17 et 12 ans, ne donne, dès lors, plus aucune limite à ses ambitions et fait sienne la devise de son père : «Ce ne sont pas les étapes qu'il faut gagner, mais la course *.» A l'âge de 28 ans, il reprend donc le chemin des études en s'inscrivant à la prestigieuse école de commerce HEC. Sa boulimie dans la création entrepreneuriale ne s'arrêtera plus et aboutira à un rythme de trois à quatre par an. En devenant l'actionnaire majoritaire du MCA (l'investisseur voulant acquérir 80% des parts de la SSPA/MCA), Eddir Loungar apporterait à coup sûr son exigence du haut niveau pour rendre au club le plus populaire d'Algérie son lustre d'antan, et d'étendre un peu plus son domaine des affaires… * citation tirée d'un entretien accordée au journal La Montagne (18/07/2011)