La première entreprise d'Algérie, poumon de l'économie nationale, a hérité de tous les maux de l'ère Khelil au point d'en devenir vulnérable et de céder facilement devant les exigences de ses partenaires. Dans la partie de poker que Sonatrach vient de perdre contre les deux firmes pétrolières Anadarko et Maersk, la compagnie nationale des hydrocarbures semble avoir mal entamé sa stratégie de défense. Sonatrach, qui est pourtant habituée à gagner à l'arbitrage, vient d'essuyer un revers en optant pour un règlement à l'amiable. Pourquoi a-t-elle en fin de compte choisi l'option d'un règlement à l'amiable au lieu de conclure l'opération d'arbitrage international ? Cette question taraude les esprits depuis l'annonce de l'accord à l'amiable de Sonatrach avec Anadarko et Maersk. Abdelmadjid Attar, ancien ministre et ex-PDG de Sonatrach, est convaincu que cet arbitrage «est mal parti dès le début du fait d'un mauvais choix en ce qui concerne le cabinet de conseil juridique et la stratégie de défense de Sonatrach». Tout le défaut semble avoir été cerné dans cette phrase. Il va sans dire que la concentration des pouvoirs entre les mains d'une seule personne – une pratique managériale à laquelle s'adonnait l'ancienne équipe de gouvernance – en anéantissant toutes les autres structures de gestion n'a cessé de confronter le pays à ses mauvais choix. La première entreprise d'Algérie, poumon de l'économie, qui caractérise même le salut du pays, a hérité de tous les maux de l'ère Khelil au point de s'installer à l'écart pour céder plus facilement face à ses partenaires. Entre autres maux hérités de cette ère de tous les dangers, Sonatrach souffre aujourd'hui d'une mauvaise gouvernance au plan juridique. Pourtant, les enjeux ne sont pas des moindres. Abdelmadjid Attar et maître Nasreddine Lezzar, avocat d'affaires, spécialiste et praticien de l'arbitrage commercial (voir l'interview), soulèvent une question importante : le choix, par Sonatrach, du cabinet du conseil juridique. Une seconde question s'impose : cette stratégie de défense de l'entreprise confiée à des cabinets étrangers est-elle efficiente ? Autant d'interrogations qui méritent d'être posées. S'il est vrai que la page du scandale Sonatrach est résolument tournée, le différend opposant Sonatrach à Anadarko et Maersk, qui a débouché sur une espèce de lourde indemnisation au profit de ces deux firmes internationales, appelle la conscience collective et impose le jugement de tous les faussaires qui altèrent encore des vérités sur la gestion de Sonatrach.