La ministre de la Culture, Khalida Toumi, rappelle souvent qu'elle a «copié» le Centre national de cinématographie français pour l'élaboration des structures du cinéma algérien. «Mais les dispositifs de financement sont différents, explique Jacques Choukroune, historien du cinéma et professeur à l'université Paul Valéry (Montpellier), car le problème principal du cinéma en Algérie, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de salles de cinéma.» En effet, une grande partie du financement d'un film provient des 200 millions de spectateurs en moyenne par an. Habib Tsaki, producteur français, qui développe les outils d'aide au cinéma, précise : «Le système s'appuie sur les aides et les avances sur recettes qui représentent près de 50% du budget total, mais aussi sur les aides à l'écriture ou à la post-production du film par le CNC.» Un dispositif auquel il faut d'autres formes de financement telles que le préachat d'un film par les chaînes TV et les aides régionales. Mais si des films officiels ou des films de commande peuvent être financés par l'Etat français, celui-ci n'intervient aucunement dans la prise de décision des œuvres à financer, même si le CNC reste un organisme étatique. En Algérie, hormis quelques exceptions (ENTV ou partenaires privés), le Fdatic reste le seul moyen de subvenir aux besoins financiers d'un projet, quel qu'il soit. Depuis quelques mois, certains professionnels s'inquiètent d'une éventuelle coproduction de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) sur tout projet ayant reçu l'aval du Fdatic. Une réalisatrice évoque une obligation pour le producteur, bénéficiaire du Fdatic, de reverser 70% à l'AARC. Ce que Khalida Toumi justifie : «La subvention du Fdatic à 100% n'est pas remise en mains propres au producteur, mais versée à l'AARC qui coproduira donc le projet. Imaginez une personne qui souhaite construire une maison pour une association à but non lucratif. Elle vient nous demander de l'argent. On lui verse une subvention. Qui nous dit ensuite que cette maison qu'elle ne sera pas utilisée à des fins personnelles ? C'est pour cela que nous préférons verser la totalité à une tutelle du ministère de la Culture, l'AARC, qui avec son département cinéma, pourra réglementer la coproduction.» Quoi qu'il en soit, un décret serait le bienvenu pour éclaircir ce mystère qui inquiète de plus en plus le milieu.