Le président sortant, candidat à sa propre succession, a rencontré les dirigeants de la communauté musulmane française à la Grande Mosquée de Paris. Il en a profité pour envoyer des signes d'apaisement. Paris. De notre correspondant Officiellement, il s'agissait de rendre hommage aux combattants musulmans morts pour la France, en inaugurant une plaque à leur mémoire dans l'enceinte de ce bâtiment mauresque, construit dans les années 1920. Et Nicolas Sarkozy s'y est rendu en tant que président de la République et non comme candidat. Officieusement, il s'agissait de déminer le terrain. «J'ai voulu dire à nos compatriotes de confession musulmane qu'ils ont naturellement le droit de vivre leur foi comme n'importe quel citoyen a le droit de vivre sa religion, que nous souhaitons un Islam de France», a-t-il expliqué. Et d'insister, semblant oublier qu'il est aussi à l'origine de la polémique : «Je leur ai dit également combien je souhaitais qu'en cette période électorale, certains de nos compatriotes ne se sentent pas blessés par des polémiques qui n'ont pas lieu d'être». Ce message d'apaisement, aux six millions de musulmans de France irrités par la récente polémique sur l'abattage rituel lancée par le Front national mais alimentée par lui-même et son ministre de l'Intérieur, se veut un solde de tous comptes. Le président-candidat a opportunément reporté sa visite à la grande Mosquée, initialement programmée la semaine dernière. Un report officiellement justifié par des raisons d'agenda, mais qui a permis de laisser retomber le débat sur la viande halal. L'électorat musulman aura-t-il digéré la boulimie sur la viande halal ? Pas sûr que ce message suffise, tant la communauté musulmane s'est sentie blessée par des polémiques à répétition. Claude Guéant a estimé que donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales favoriserait le communautarisme, la remise en cause de la mixité des piscines et l'obligation d'offrir de la viande halal dans les cantines scolaires. Le Premier ministre, François Fillon, et le chef de l'Etat l'avaient eux-mêmes alimentée, le premier en invitant musulmans et juifs à renoncer à l'abattage rituel, le second en souhaitant un étiquetage obligatoire de la viande halal et casher. Nicolas Sarkozy et François Fillon se sont employés à mettre fin à une polémique qui a empoisonné la campagne présidentielle. Le premier a pris ses distances avec les propos de Claude Guéant et le second a reçu les représentants des deux communautés. «Je ne pense pas que les musulmans de France aient à s'inquiéter de la position fondamentale du gouvernement français, ou en tout cas, du président de la République, et de l'opinion française en général», a déclaré le très conciliant Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Dalil Boubakeur s'est élevé contre la notion d'«électorat musulman». «Nous ne savons pas ce qu'est le vote musulman. Il y a des citoyens qui ont le droit de voter. Nous les encourageons à se comporter comme des électeurs à part entière, qui jugeront selon leur conscience». Selon plusieurs sources, il y aurait plus de trois millions d'électeurs musulmans.