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Nécessité d'adaptation aux impacts des phénomènes climatiques
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Sous le titre «La vérité scientifique face à l'origine anthropique du réchauffement climatique», Aïssa Mouhoubi, du département des sciences économiques de l'université de Béjaïa, annonce «la remise en cause de l'origine anthropique du réchauffement climatique».
La lecture de l'article en question, publié par El Watan du 25 février 2012, n'apporte pas de preuves scientifiques de l'absence du facteur anthropique dans le dérèglement du climat.
Ce qui est en soi attendu au stade actuel des connaissances scientifiques. Les assertions sur les périodes de réchauffement cycliques de la terre sont trop sommaires et peuvent, effectivement, contribuer à conforter le lecteur non averti du caractère banal du réchauffement climatique mesuré et observé dans plusieurs régions de la planète. Dans ce sens, les quelques références bibliographiques invoquées, avant les sentences économiques de l'auteur, ne semblent servir qu'à fermer un débat pour accréditer on ne sait quelle thèse ; l'intervenant penche pour un nouveau complot impérialiste qui prendrait racine dans la manipulation de la donnée climatique en vue d'asseoir une domination technologique.
Je ne m'attarderai pas sur le caractère controversé des projections sur l'amplitude de l'intensité du réchauffement du climat. Comme le note l'auteur sus-cité, l'élévation de la température moyenne sur la surface de la terre est un fait. L'Afrique du Nord est l'une des régions où ce phénomène est le plus notable, ce que déclinent tous les modèles scientifiques. Dans notre pays, le stress hydrique en général et la remontée inquiétante de l'isohyète 100 vers le Nord, pour ne par dire le littoral ne peuvent laisser indifférent personne, économistes et enseignants en premier chef. Dans le texte de M. Mouhoubi, la confusion entre la notion de développement durable et le changement climatique est inquiétante.
L'origine exclusivement anthropique ou non du dérèglement du climat ne conditionne pas une meilleure gestion des ressources naturelles ou la prise de mesures appropriées pour l'adaptation au nouveau contexte climatique (réchauffement déjà observé, élévation du niveau de la Méditerranée, risques liés aux phénomènes extrêmes, désertification, eau, agriculture, biodiversité, pour ce qui concerne l'Afrique du Nord par exemple). Pour la plupart, ce sont des mesures dites sans regret. Le développement durable dicte par exemple, pour notre pays, que la pression sur le «pompage» des hydrocarbures est insoutenable. C'est suicidaire de demander à un secteur qui ne produit aucune richesse et qui ne fait qu'extraire de notre sous-sol une ressource naturelle (en voie d'épuisement), de faire face à la boulimie des dépenses publiques, y compris pour suppléer la défaillance structurelle du secteur public économique. Ce n'est pas soutenable.
La recherche et la mise en place de procédés d'énergies alternatives propres ne sont pas une coquetterie d'écologiste. Elle répond et doit répondre à l'épuisement des ressources énergétiques fossiles. Dire que le développement durable n'est qu'une machination des riches pour rester plus riches relève de l'idéologie et ne peut disculper personne sur les mauvaises performances économiques enregistrées par des pays du Sud. Tous les pays, à commencer par les plus riches et développés, défendent leurs intérêts, y compris en recourant à des mécanismes dénués d'équité pour sauvegarder les avantages comparatifs qu'ils font valoir (savoir-faire, technologie….).
La croissance zéro, comme semble le suggérer l'auteur, est vraiment d'un autre temps. Cette piste a effectivement ouvert le champ à la notion de développement durable. Les rédacteurs du rapport Meadows (Club de Rome en 1970) ont révisé à plusieurs reprises leurs vues. Au demeurant, la croissance démographique et le droit de chaque être humain à une vie décente battent en brèche la durabilité d'une telle orientation. Durant 50 ans, l'Algérie n'a pas réussi à mettre sur rail un modèle de développement et une économie qui peut fonctionner avec une fraction raisonnable de la vente des hydrocarbures.
De même, notre école et notre université ne sont pas des lieux où s'apprennent et s'élaborent l'innovation et la rigueur. Ce n'est certainement pas la faute des appétits impérialistes. La problématique de l'aide à l'Afrique ou aux pays en développement en général ne trouve pas racine dans la notion du développement durable. Elle lui est antérieure.
S'agissant des flux financiers en défaveur des pays africains à cause du service exorbitant de la dette extérieure, la complexité de la question dicte une approche plus sérieuse. Le président américain, Barak Obama, a, de son côté, dans son discours d'Accra, pointé du doigt un mal qui handicape notre développement. Il déclarait en substance : «Oui, le colonialisme est une chose affreuse, mais la corruption qui gangrène le continent et l'absence de démocratie qui implique l'avènement de gouvernements responsables ne peuvent pas être imputées qu'aux autres.»
Enfin, les forums mondiaux organisés sur le climat ou sur d'autres questions gagneraient certainement en crédibilité s'ils se départissent d'un certain faste et gaspillage, mais fondamentalement le problème est ailleurs. Dans cette période, l'argent ne manque pas chez nous, ce n'est pas pour cela que nos problèmes prennent le chemin d'un règlement durable. Sur la question du droit à polluer prévu dans le Protocole de Kyoto, encore une fois, les généralités n'aident pas à construire un argumentaire solide. Ce traité est spécifique à l'émission de gaz à effet de serre.
Alors, quand on écrit que «avec le développement durable les multinationales industrielles ont le droit d'acheter des droits de polluer (comme le prévoyait le Protocole de Kyoto) dans les pays du Sud. Le droit à polluer a permis à beaucoup d'entreprises d'intensifier leur production et ainsi intensifier leurs déchets polluants», c'est faire semblant de ne pas savoir que les gaz à effet de serre n'ont pas de frontières. Emettre à Alger, Tamanrasset, Pékin ou Washington, c'est rigoureusement la même chose pour le cas qui nous concerne : à savoir l'origine anthropique ou non du dérèglement du climat.
Cela étant dit, cette contre-vérité permet à l'auteur de conclure son texte par une autre : «Le développement durable, rendu légitime par la thèse de l'origine anthropique du réchauffement climatique». Au final, la controverse sur l'origine anthropique ou non du dérèglement climatique est une vraie question qui mobilise la communauté scientifique. Le développement durable est une autre histoire avec et, avant tout l'approfondissement du principe de précaution.


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