Que faut-il attendre de Copenhague ? Aboutira-t-on réellement à une redéfinition de l'économie mondiale et à une réorganisation des équilibres mondiaux, comme l'ont pronostiqué certains spécialistes du climat ? Est-il possible de reconfigurer la terre sans faire des affaires ? Il va sans dire que réduire les GES nuit aux économies des pays développés et à celles des pays émergents. C'est pourquoi, à Copenhague, ils sont déjà nombreux les hommes d'affaires qui à coup d'arguments en tous genres plaideront la cause des groupes et sociétés qu'ils représentent et éviteront ainsi que des mesures défavorables à leurs intérêts économiques ne soient prises. De l'autre côté, les 53 états membres africains qui se présentent sous une même bannière et avec un seul mot d'ordre : “Défendre la Terre, soit mais pas au détriment des millions d'Africains qui subissent et subiront les conséquences du réchauffement.“ D'autant que, comme l'a souligné le président de l'Union africaine (UA), Jean Ping, lors d'une conférence de presse, “l'Afrique est le continent qui pollue le moins avec à peine 3,8% des émissions mondiales de GES (gaz à effet de serre).” Et de poursuivre : “Nous constatons que notre maison est menacée. Par qui ? Par ceux qui polluent de manière inconsidérée et ne veulent pas respecter les critères notamment de Kyoto (…) ceux qui ne sont pas responsables de la pollution méritent de l'aide.” Les représentants des pays africains s'apprêtent à négocier deux points, à savoir l'adaptation du continent noir au changement climatique et l'atténuation de ses effets. Plus concrètement, c'est d'aides financières qu'il est question à Copenhague et de transfert de technologie Nord-Sud qui permettront aux pays africains d'opérer leur transfert vers les énergies nouvelles d'une part, et de préserver les puits de carbone que sont les forêts. Selon Ping, la forêt gabonaise absorbe à elle seule quatre fois les émissions des GES de la France. En somme, dans la ville de la petite sirène, l'Afrique, via ses représentants, est décidée à rejeter une injustice qui se chiffre en milliards de dollars de compensations exigées des pays industrialisés. Ne pesant pas lourd sur la balance économique mondiale, les Africains misent sur le pouvoir numérique “pour saper tout accord qui ne remplisse pas un minimum de conditions” a souligné M. Zenawi, Premier ministre éthiopien. Un accord comme celui de la taxe carbone imposée aux pays en voie de développement à l'instar de l'Algérie (Air Algérie) sous prétexte que ces pays devront acheter leur droit de polluer sur leurs territoires ! Inepte. À Copenhague, il est donc question de stratégies climatiques durables qui n'iront pas semblent-ils dans le même sens que la Convention de Kyoto. Un vocable de plus mais pas de trop au regard du scénario catastrophe présenté par les protagonistes du “consensus scientifique” qui croient en l'origine anthropique du réchauffement. Une thèse qui ne fait, peut-être pas l'unanimité mais qui aura sans conteste réussi à mobiliser et à réunir 180 pays pour une cause commune. Fondée ou infondée, naturelle ou anthropique d'origine, le constat est sans appel et il y a urgence. Pour réduire les émissions, car c'est de cela qu'il est avant tout question, la solution émane de Word Growth dont les recherches ont permis de démontrer que l'expansion des puits de carbone dans les pays en voie de développement constitue l'un des moyens les plus efficaces de réduire les émissions. “Cette expansion nécessite l'exploitation d'activités forestières durables dans les forêts naturelles ainsi que l'établissement de cultures commerciales.” Or, il semble a priori qu'une fois de plus, au regard du contexte économique mondial, une nouvelle stratégie mondiale, telle que souhaitée ne fera pas consensus. Les plus sceptiques parlent de partie de poker très serrée vu que les intérêts sont très contradictoires. On est allé jusqu'à classer les continents des plus volontaires mais qui n'ont pas de position de leadership (l'Union européenne qui semble décidée à réduire les GES de 20% d'ici 2020) aux challengers comme la Chine qui promet de réduire sa consommation énergétique de 50% d'ici 2020 et exige des pays riches une comptabilité carbone sur le lieu de consommation et non pas sur le lieu de production. Malin mais très logique car ne l'oublions pas, la Chine qui abrite les plus grandes entreprises de production mondiales, est depuis peu considérée comme le pays émergent le plus pollueur au monde (classé avant les USA !). D'autre part, l'Australie, encline à la tergiversation qui se propose de réduire de 5% à 25 % ses émissions ; la Russie d'emblée réfractaire au transfert de technologie, les Etats-Unis éternels meneurs et enfin les plus faibles, les minorités subissant de plein fouet les effets du changement climatique : inondations, tsunamis pour les états insulaires, sécheresse et pénuries d'eau, pour ne citer que ces points noirs est le lot de l'Afrique. Toutefois, sans vouloir jouer les rabat-joie, l'on est tenté de se poser une fois de plus la question suivante :et si Copenhague n'avait pas lieu d'être ?