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On «casse» les vestiges de la Révolution
Blida : les autres articles
Publié dans El Watan le 22 - 03 - 2012

A Blida, la célébration des dates historiques se fait toujours d'une manière «folklorique».
Les Blidéens qui veulent connaître l'histoire de leur ville durant la Révolution nationale ont surtout droit à des chants patriotiques ou à quelques activités officielles, comme les visites du wali sur d'«éternels» chantiers. Sinon rien. Même pas une exception pour ce 19 mars, journée symbolique de la fête de la victoire, coïncidant surtout cette année avec le cinquantenaire de l'indépendance. Les jeunes Blidéens ne connaissent presque rien de leur histoire, du moins celle relative à l'époque coloniale. Blida, pourtant une grande ville, n'a pas encore de musée. Plus grave encore, les lieux où l'armée française torturait les innocents algériens ne sont pas connus du grand public.
Aucune plaque commémorative n'est affichée à l'extérieur de ces lieux afin de nous rappeler une partie, même si elle est douloureuse, de notre histoire. Et pourtant, ce ne sont pas ces lieux qui manquent à Blida. L'occupant français a mobilisé 80 000 soldats dans la ville des Roses et sa région pour contrecarrer, par tous les moyens, la Révolution nationale, notamment par le recours aux procédés les plus odieux. Aujourd'hui, ces lieux sont ou détruits ou aménagés, sans pour autant préserver leur valeur hautement historique. En l'absence de statistiques officielles concernant les lieux où la torture était pratiquée à Blida et sa région par l'armée française, des rencontres avec d'anciens moudjahidine nous ont, au moins, permis de connaître quelques endroits où les Algériens subissaient les affres de la torture. Nos interlocuteurs nous ont cité, à titre d'exemple, l'existence, durant la Révolution nationale, de plusieurs camps militaires où la torture était maître des lieux. Cela se passait notamment aux camps de Sidi El Kebir (hauteurs de Blida), Baba Moussa (Bouarfa), Chréa, Oued El Alleug…
Une villa qui appartenait à un médecin algérien (Abdelouahab Bachir), avant d'être spoliée par les Français, située non loin de l'école Larbi Tbessi (ex-Beauprêtre) servait aussi de lieu de torture. Elle est habitée aujourd'hui par un particulier. L'ancienne «savonnerie» du quartier «Douirette» a aussi été détournée de sa vocation, durant la Révolution nationale, pour tuer et torturer des innocents. Après l'indépendance, cette savonnerie a été transformée en siège de la Protection civile, sans pour autant sauvegarder son aspect historique. A l'ex-commissariat central de Bab Essebt (centre-ville), des Algériens ont subi toutes sortes de violences afin de divulguer des secrets tant recherchés. Ce commissariat est devenu le siège de l'Inspection régionale de la police, mais aucun «coin» n'y est consacré à des gens qui ont fait héroïquement preuve de courage et de bravoure.
Le même phénomène concerne aussi une bâtisse située à El Affroun, devenue aujourd'hui une maison de jeunes. Nous étions surtout surpris d'apprendre que la torture était pratiquée même au niveau du célèbre gymnase «Nedjma» de Blida et aucune plaque commémorative ou autre indication n'est affichée à l'extérieur de ce gymnase afin d'informer la jeune génération. Il y avait aussi le centre d'aviation de Blida, la ferme Chenu (Haouch Chnou), les 4 fermes de Soumaâ et la ferme Feutry d'El Affroun qui servaient de lieux de torture… La dimension ô combien historique de tous ces lieux reste malheureusement méconnue.


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