En dépit des intimidations et des pressions qu'ils subissent de la part du ministère de l'Education nationale, la Coordination intersyndicale des travailleurs de l'éducation (CITE) a décidé de poursuivre son mouvement de lutte. Elle maintient le débrayage prévu pour les 19, 20 et 21 février. Cette information a été confirmée, hier, par les représentants des cinq syndicats (CLA, CNAPEST, UNPEF, SATEF et SETE Béjaïa), lors du forum organisé par le journal bimensuel Alger républicain et portant sur la situation socioprofessionnelle des travailleurs de l'éducation : salaires, statut, conditions de travail. M. Lemdani du CNAPEST a relevé que les enseignants doivent être à l'abri du besoin pour qu'ils puissent mener convenablement leur travail. Or ce n'est pas le cas et c'est l'expression caricaturale de cette dégradation qui les pousse à recourir au mouvement de grève afin d'améliorer leur pouvoir d'achat, devenu insoutenable. « Notre combat syndical est juste et nos revendications sont légitimes. Nous demandons depuis des mois l'ouverture du dialogue. Au lieu de répondre favorablement à notre demande et au lieu de nous écouter, le ministre de l'Education nous poursuit en justice et nous menace de ponctions sur salaires... C'est insensé », dira M. Lemdani. M. Bekhouche du SETE a dressé un tableau noir du vécu de l'enseignant et du secteur de l'éducation d'une manière générale. D'emblée, il indiquera que malgré le renflouement des caisses de l'Etat, les travailleurs algériens continuent de vivre une misère sociale effarante qui découle de l'orientation économique dictée par les institutions financières internationales dont l'objectif n'est que la recherche du profit par la consécration de la précarité de l'emploi et la flexibilité du travail. « Au moment où le monde du travail est en droit légitime d'aspirer à une vie meilleure, c'est le mépris, le déni de justice et la misère généralisée qu'on lui propose : des salaires impayés, des fermetures d'entreprises au quotidien et la répression contre les syndicalistes intègres qui refusent l'abdication », dira l'orateur qui interpelle la centrale syndicale pour agir à tous les niveaux pour remédier à cette situation qui dure. Le secrétariat de l'union de wilaya de Béjaïa appelle l'ensemble des travailleurs à observer une journée de protestation, le jeudi 23 février, suivie d'une marche qui aura lieu le même jour à 10h à partir du théâtre de Béjaïa jusqu'au siège de la wilaya afin d'exiger, entre autres, une augmentation conséquente des salaires, la réintégration sans condition des syndicalistes et des travailleurs licenciés arbitrairement, le libre exercice du droit syndical et la promulgation du statut général de la Fonction publique. L'intervenant considère les mesures restrictives et coercitives prises par le département de M. Benbouzid ainsi que la décision de traduire en justice les syndicats en lutte pour des revendications légitimes comme étant arbitraires et des attaques qui visent la remise en cause des acquis arrachés de par le passé. Le représentant du CLA a, quant à lui, dénoncé la démarche du ministre de tutelle. « Ce dernier ne se préoccupe nullement des problèmes de fond que posent les enseignants, mais plutôt des questions de forme qui sont insignifiantes à notre égard », a-t-il indiqué. M. Ider, responsable de l'UNPEF, outré par le comportement de la tutelle, a qualifié le secteur de prison. « Nous n'avons pas le droit d'exprimer notre ras-le-bol, nous n'avons pas le droit d'agir. Nous devons, selon M. Benbouzid, vivre dans la misère et accepter cet état de fait. Ceci est très grave. M. Benbouzid, à notre avis, a réussi à réformer le système éducatif dans le sens mécanique », a déclaré M. Ider. De son côté, M. Sadali, du SATEF, a qualifié la réforme entamée par le département de M. Benbouzid d'unilatérale. « On ne peut pas réformer sans toucher au statut de l'enseignant. C'est une réforme in vitro conçue dans les laboratoires du système puisque les concernés n'ont pas été associés à son élaboration. Nul n'ignore que le rapport de M. Benzaghou portant sur la réforme a été mis à la poubelle et a été dépouillé de toute sa substance », a affirmé l'orateur. Par ailleurs, M. Zehouane, président de la Ligue des droits de l'homme, présent à cette rencontre, a indiqué que la police n'a pas le pouvoir de convoquer par elle-même les citoyens ou les cadres syndicaux, et les concernés dans ce cas de figure ne doivent pas répondre à la convocation. M. Zehouane a soutenu, en outre, que le ministre de l'Education est obligé de négocier avec les syndicats et la Cour internationale de justice a posé en termes de confrontation l'obligation de négocier. « On ne peut pas utiliser les démarches dilatoires pour décourager et bloquer l'issue des problèmes sociaux », a déclaré M. Zehouane.