Un collectif d'enseignants de tamazight est né pour représenter les collègues des wilayas comptant le plus grand nombre d'écoles où est enseignée cette langue, à savoir Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa. Ce collectif a entrepris des démarches auprès du ministère de l'Education nationale pour la levée du caractère facultatif de cette matière en l'incluant comme matière obligatoire dans les examens de fin de cycle. «Etant facultative, nous rencontrons beaucoup de difficultés pour obtenir un meilleur rendement des élèves dont les efforts sont motivés par les notes à obtenir à la fin de l'année. C'est aberrant pour une matière dont l'enseignement a été obtenu grâce aux sacrifices de plusieurs générations», souligne Deradj Hamid, enseignant de tamazight et représentant de ce collectif. «Nous avons saisi le ministère de l'Education nationale pour lui demander de se pencher sur cette question. Pour le moment, nous sommes au stade des contacts. Nous n'avons pas été reçus hier, mais les représentants du ministère ont promis de le faire», explique notre interlocuteur. Le collectif dit lutter pour que le «message pédagogique» que véhiculent les enseignants de tamazight ne soit pas otage des démarches politiques. «Nous sommes des enseignants ayant reçu une formation, nous avons devant nous des élèves à qui il faut inculquer tous les aspects de cette langue, mais le caractère facultatif la rend de priorité moindre. Les autres matières obligatoires captent, de facto, tout l'intérêt et les efforts de l'élève et de ses parents», explique M. Deradj. Aussi, rappelle-t-il, si le consensus ne s'est pas encore réalisé concernant le caractère graphique à adopter, cette matière pédagogique ne doit pas être tributaire uniquement des positions politiques : «Notre démarche ne revêt en aucun cas une quelconque intention de nous substituer aux linguistiques ni aux politiciens qui ont leur point de vue sur cette question. Nous tenons seulement à sauvegarder cette langue et à la préserver du délaissement dans laquelle elle est confinée. Nous aspirons à une meilleure destinée pour une matière prodiguée par des enseignants payés par le ministère de l'Education.» Le collectif s'alarme également du recul en matière du nombre d'élèves concernés par l'enseignement de tamazight. Dans la wilaya d'Alger, aucune école ne dispense cette matière. «Il n'y a pas de volonté politique pour continuer et développer son enseignement», regrette le collectif.