Certaines sources affirment que la destitution de Abdelaziz Belkhadem est en passe de se réaliser. Les élections législatives du 10 mai prochain ont enfoncé davantage le Front de libération nationale (FLN) dans sa crise. La confection des listes de candidatures a mis de l'huile sur le feu. Du pain bénit pour le mouvement de redressement et de l'authenticité, constitué d'anciens responsables du parti, qui conteste la gestion du secrétaire général Abdelaziz Belkhadem. Selon une source digne de foi, la pétition engagée pour la provocation d'une réunion du comité central en session extraordinaire aurait rassemblé plus de 200 signatures, alors que le quorum en exige 230 ; il n'est donc pas encore atteint. Mais dans l'affrontement qui oppose Abdelaziz Belkhadem aux mécontents qui se sont vus rayés des listes de candidatures aux prochaines élections législatives, il y a deux tendances qui se dégagent. La première n'est pas pressée de tenir la session extraordinaire du comité central du parti avant la prochaine échéance électorale du 10 mai. La deuxième veut précipiter le départ de Abdelaziz Belkhadem et lui faire payer cash la manière dont il a confectionné les listes du FLN. Y arriveront-ils ? Certaines sources affirment que la destitution de Abdelaziz Belkhadem est en passe de se réaliser. Mais en plein processus électoral, la démarche a, selon notre interlocuteur, peu de chances d'aboutir. Le secrétaire général du FLN, lui-même, se dit prêt à rendre le tablier après le 10 mai, s'il s'avère que ses choix ont été mauvais. Les militants et surtout les cadres du parti sont en effet hésitants pour la simple raison que les meneurs de la fronde n'ont pas de projet ; ils sont mus par des considérations personnelles. Leur action, affirme la même source, n'est pas motivée par le souci de redresser la ligne politique du FLN que son secrétaire général a totalement pervertie, mais par des ambitions purement individuelles parce que certains, qui prétendaient à la députation, ont été tout simplement écartés. Et ceux-là se recrutent majoritairement parmi les soutiens à Abdelaziz Belkhadem il y a seulement quelques jours. Mais dans la bataille qui se déroule au sein de l'ex-parti unique apparaissent de terribles jeux et enjeux de pouvoir. Selon des indiscrétions, contrairement à ce qu'on tente de dissimuler par tous les moyens, la confection des listes du FLN a obéi à une logique implacable de lutte de clans. Les mêmes sources indiquent qu'il est impossible que Abdelaziz Belkhadem ait conçu les candidatures du parti seul ; il aurait au moins associé trois proches soutiens et pas des moindres du président Abdelaziz Bouteflika, lui-même président du FLN. Il s'agit du ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia, du ministre des Transports, Amar Tou, et du ministre du Travail et de la Protection sociale, Tayeb Louh. Un autre indice de l'intervention d'une main extérieure au parti est l'intrigante mise à l'écart de Abdelaziz Ziari, président de l'Assemblée populaire nationale (APN) ; sa candidature a été écartée alors qu'il nourrissait l'ambition de prendre la tête de la liste du FLN à Alger. Et il est étrange qu'un poids lourd du parti comme lui soit mis aussi facilement sur le banc de touche. Une telle décision n'aurait jamais été prise par Abdelaziz Belkhadem, si elle ne lui avait pas été suggérée. Le même cas de figure se pose pour la candidature de Rachid Harraoubia, qui tenait à se présenter à Alger ; il est candidat à Souk Ahras. De la tourmente que traverse l'ex-parti unique transparaît alors, selon un cadre du FLN, un plan pour les prochaines législatives. Un plan qui voudrait mettre en avant la candidature islamiste dans la capitale, pressentie même pour prendre la présidence de la prochaine Assemblée. Il s'agit de celle du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul. On en parle depuis un moment. Les prochaines législatives annoncent déjà une première victime, le parti de Abelaziz Belkhadem qui se présente totalement déchiré par les ambitions féroces des uns et des autres, prisonnier de stratégies élaborées extra muros.