Je préfère mourir pour mes idées que de mourir de lassitude et de vieillesse dans mon lit.» Le propos est de Matoub Lounès. Il l'a tenu sur un plateau d'une chaîne de télévision française quelques mois avant sa mort. Homme aux convictions inébranlables, celui que la presse avait surnommé le «Rebelle» est resté égal à lui-même jusqu'à sa mort dans une embuscade, le 25 juin 1998 sur la route de Beni Douala. Soixante-dix-huit impacts de balle ont été relevés sur sa voiture. Pour l'histoire et la mémoire, Tahar Yami vient de lui consacrer un documentaire intitulé Matoub Lounès : le combat éternel. L'avant-première a eu lieu, hier, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Le film, qui retrace brièvement le parcours de ce célèbre chanteur d'expression kabyle, débute par son assassinat. Par des images poignantes commentées par Abderzak Larbi Cherif, le réalisateur, est revenu notamment sur les circonstances de la tragédie et sur la douleur des milliers de personnes qui ont déferlé sur Taourirt Moussa lors de son enterrement, les manifestations de colère en Kabylie, l'indignation internationale ainsi que la couverture médiatique de l'événement par les médias étrangers. Le film se poursuit par des séquences d'archives sur l'itinéraire artistique du chanteur en mettant l'accent notamment sur sa carrière et ses prises de position courageuses durant les années de terrorisme. «Je suis chanteur et non pas homme politique, mais je ne peux pas rester insensible à ce qui se passe dans mon pays.» «Je suis pour la résistance populaire et la légitime défense ; ce n'est pas nous qui lançons des assauts terroristes, nous les subissons.» «Je suis farouchement opposé aux islamistes.» «A bas l'intégrisme, à bas la corruption, vive tamazight !», clame haut et fort Matoub Lounès dans le film. Dans la seconde partie du documentaire, le réalisateur fait le lien entre le combat de Matoub et les événements qui ont secoué la Kabylie en 2001. «Avril 1980, le Printemps noir et, entre les deux, l'assassinat de Lounès, sont des événements étroitement liés. La revendication identitaire et le combat pour les libertés démocratiques sont le socle de cette lutte permanente que partagent les militants berbères», a indiqué Tahar Yami lors des débats. Il avoue que 26 minutes, ce n'est pas assez pour raconter la vie de ce personnage aux multiples facettes. «Matoub a été de tous les combats. Mon objectif n'est pas d'être exhaustif, mais de délivrer un message percutant par un court métrage. Je pense avoir dit l'essentiel et surtout réalisé un film qui valorise son combat, en attendant de repartir pour un documentaire qui reviendra dans le détail sur tout le parcours de l'artiste.»