Le film documentaire réalisé par Tahar Yami a été projeté hier en avant-première à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, en présence du réalisateur qui a fait l'objet en fin de projection d'une série de questions, mais aussi de critiques concernant son œuvre. En toute modestie, Tahar Yami dira que le travail qu'il vient de réaliser est en soi «une porte ouverte à d'autres travaux sur le parcours de Lounès Matoub». Selon lui, et comme toute l'assistance a pu le remarquer, «il est quasiment impossible de résumer le parcours du Rebelle en si peu de temps». Le réalisateur a réussi à susciter le débat autour du film. «Un objectif recherché durant tout un film documentaire qui retrace la vie d'un personnage», dit-il. L'œuvre est un film documentaire qui revient en 26 mn avec des images, scènes et vidéos parfois inédites du chanteur kabyle durant son combat pour l'identité amazighe et des interviews accordées à différentes chaînes de télévision françaises. Un travail de collection qui aurait pu être plus approfondi. Le film commence en retraçant brièvement la journée du 25 juin 1998, jour où Lounès Matoub en compagnie de sa femme et ses deux belles-sœurs a été lâchement abattu par les «imcumen» (les assassins, ndlr). Le réalisateur plonge ensuite dans la réaction immédiate que suscitera la mort du Rebelle à travers le monde entier, puisqu'elle sera médiatisée dans différents organes de presse écrite et audiovisuelle. La colère des jeunes et le jour de l'enterrement au village Taourirt Moussa, à Béni Douala prendront une part consistante du film. Des images de milliers de gens qui pleuraient la mort de Matoub, jamais diffusées, donneront plus d'émotion au film. Après quoi, le réalisateur revient pour parler de la naissance de Lounès, de son enfance, sans pour autant montrer des images de cette étape de la vie du Rebelle. Cependant, ce que l'assistance composée majoritairement de journalistes conviés à l'avant-première ne comprendra pas, c'est l'enchaînement de Tahar Yami avec des images des événements du printemps noir de 2001 en Kabylie, les marches, les manifestations et les affrontements avec les services de l'ordre, allant jusqu'à la marche du 14 juin 2001 à Alger. Sur ce point, M. Yami dira que le combat de Lounès pour l'identité a la même vocation que celui déclenché en 2001. «Une succession d'événements pour une seule cause», estime-t-il. D'autres aspects sur lesquels le réalisateur sera critiqué : l'absence de témoignages, mais aussi de certaines phases de la vie de Matoub, comme lorsqu'il a été blessé par balle à Aïn El Hammam, en 1994, ou encore l'affaire de l'enlèvement durant la même année. A ce propos, le réalisateur précise qu' «il a dû faire des choix concernant les étapes qu'il voulait mettre en évidence». «Matoub Lounès, le combat éternel», un titre que le réalisateur défend, puisqu'il dit «comparer Lounès à des hommes de la trempe de Nelson Mandela, comme l'a si bien indiqué feu l'ex-maire de Bobigny (France), qui a rendu éternel Matoub Lounès en érigeant une place à son nom». 14 années au service de la culture Natif d'Irdjen dans la wilaya de Tizi Ouzou, Tahar Yami obtient sa licence en sciences économiques à l'Université Mouloud-Mammeri en 1982. Ses débuts dans le domaine de la culture auront pour cadre la maison de la culture de Tizi Ouzou, qu'il finira par diriger. Après 14 ans au service de la culture à Tizi Ouzou, Tahar Yami va à la conquête du cinéma, après avoir obtenu sa licence d'études cinématographiques à Paris III. Lors de la 11e édition du festival du film amazigh d'Azeffoun, Yami s'est vu attribuer le prix spécial du jury pour son court-métrage «Décharge interdite».