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Suicide des enfants : Les parents veulent comprendre
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Publié dans El Watan le 03 - 04 - 2012

Ils étaient écoliers, âgés de 11 et 12 ans. Même palier de l'éducation, dans trois communes différentes. Mohamed est retrouvé pendu à un olivier le soir du 18 mars dans la commune d'Aghribs. Le lendemain, Ibahlal (Irdjen), Sadek est découvert à 17h sans vie au bout de sa ceinture de karaté, attachée à une armoire, dans sa chambre. Le même jour, pratiquement à la même heure, Ikhriben, Karim fausse compagnie à ses camarades et se pend dans une huilerie abandonnée, à l'aide d'une courroie.
Quinze jours plus tard, les parents ne comprennent toujours pas. Des psychiatres tentent d'apporter des réponses.
«Je n'ai trouvé aucune explication à la mort de mon fils. Je n'arrête pas d'y penser, mais je ne trouve aucune réponse à mes interrogations. Il n'y avait aucun avertissement ni symptôme qui pouvaient nous indiquer ce qu'on devait faire. Nous nous retrouvons complètement impuissants devant ce qui est arrivé. Sadek, tout comme son frère et sa sœur, n'ont jamais manqué de rien. Il ne reviendra pas. Aujourd'hui, on essaye de reprendre notre vie, le temps fera le reste.»
La déclaration est d'Ali Henna, père de Mohand Akli, dit Sadek, un garçon de 11 ans qui s'est donné la mort par pendaison, le 19 mars dernier, dans sa chambre, vers 17 h, au village Ibahlal, commune d'Irdjen (15 km à l'est de Tizi Ouzou). Le même jour, presque à la même heure, un autre écolier de la commune voisine de Tizi Rached, Nechab Karim, 12 ans, met fin à ses jours, en se pendant à une poutre dans une ancienne huilerie, au village Ikhriven.
La veille, le 18 mars, c'est un autre enfant du village Adrar Aït Qodia, dans la commune d'Aghribs (40 km au nord-est de Tizi Ouzou), Douzène Mohamed, 11ans, qui a été retrouvé, vers 21h, pendu à un olivier non loin de chez lui. Stupeur et consternation chez la population locale. Ni les membres des familles touchées par le drame ni les autres villageois n'ont compris le geste fatidique auquel ont eu recours des écoliers de 11 et 12 ans`.
Lors de notre visite au village Ibahlal, la semaine dernière, Ali, le père de Sadek, s'entretient chez lui avec une équipe du service d'observation et d'éducation en milieu ouvert de la direction de l'action sociale de la wilaya de Tizi Ouzou. Deux psychologues et un sociologue rendaient visite aux trois familles endeuillées. Les fonctionnaires de la wilaya mènent une enquête sociale et familiale susceptible d'aider les familles à comprendre «ce qui s'est passé». Qu'est-ce qui pouvait rendre vulnérable un enfant dans son environnement et l'amener à l'acte extrême du suicide ? Telle est la question lancinante à laquelle tentent de répondre les spécialistes. «Nous sommes ici pour écouter ces gens dans le but de pouvoir les aider. Les membres de cette famille sont traumatisés, mais le fait qu'ils verbalisent leur douleur, qu'ils arrivent à en parler est un pas qui va les aider à surmonter cette dure épreuve», commente une psychologue de la direction de l'action sociale.
Durant l'entretien qui s'est déroulé entre l'équipe de la DAS et les parents, le petit frère et la petite sœur de Sadek ainsi que les enfants des voisins jouaient dans la cour, mais non sans avoir conscience de ce qui est arrivé. Car depuis dix jours, ils ne parlent que de cela. «Il est monté sur une chaise, puis, il s'est pendu à l'armoire à l'aide de sa ceinture de karaté…», dit un enfant du voisinage. «Je revois toujours ses faits et gestes et je réentends ses mots du dernier jour. La nuit, j'ai des visons, je ne dors presque pas. Je ne suis pas rentrée dans sa chambre depuis sa mort», dit sa mère, les yeux larmoyants. Elle ajoute : «J'avais fait un cauchemar, une nuit, chez mes parents, j'ai vu que j'allais perdre un enfant. J'avais vu que mes enfants devenaient adultes, mais pas Sadek. Ce cauchemar, je suis en train de le vivre», ajoute-t-elle, en pleurs. Très courageux, Ali, le père, ne veut pas céder à la fatalité. Il lutte tant bien que mal contre le chagrin qui pèse sur la famille.
«Mon fils est parti. Je suis abattu au fond de moi, mais je ne veux pas que cela se reproduise dans d'autres familles. Pour commencer, je souhaite faire quelque chose pour essayer de comprendre ce qui s'est réellement passé afin d'aider mes enfants dans leur scolarité. Les enfants passent plus de temps à l'école que chez eux. Il faut savoir que personne n'est à l'abri», estime-t-il. A travers ses activités dans l'association des parents d'élèves du CEM de Tala Amara et du comité du village, Ali veut s'investir dans l'aide à l'amélioration des conditions de scolarité des enfants dans sa région. La mère, plus que jamais éprouvée, refuse d'oublier. Au bord du désespoir, elle cherche, tout comme son mari, les réponses et les motifs ayant conduit son fils à se donner la mort. «Il n'y avait, à ma connaissance, aucune raison apparente pour qu'il agisse comme ça. Je l'ai vu grandir normalement.
Il partageait tout avec son frère et sa sœur», dit sa mère, la gorge serrée par le chagrin. «Certes, il n'était pas brillant dans certaines matières, mais en même temps, personne ne l'obligeait à faire des résultats», ajoute-t-elle, toujours les yeux embués. Inconsolable, elle ajoute, entre deux sanglots, qu'elle ne pourra jamais remettre les pieds dans la chambre de son fils avant de démolir cette armoire qui lui a servi de moyen pour se pendre à l'aide de sa ceinture de karaté. «Il ne s'isolait pas. C'était un garçon très sociable, sensible à tout ce qui se passe dans son environnement et à tout ce qui peut toucher les membres de sa famille. Franchement, à voir son comportement, personne ne pouvait augurer de son acte», martèle sa tante.
Au village Ikhriven, dans la commune de Tizi Rached, autre localité endeuillée par le suicide d'un écolier, nous n'avons pu rencontrer la famille du petit Karim, 12 ans, retrouvé pendu dans une ancienne huilerie, le 19 mars dernier à 18h. Le jour de notre visite, les venelles du village étaient désertes. Les rares personnes rencontrées louaient la mémoire de celui qu'on appelait Zidane. L'enfant s'est pendu à l'aide d'une courroie à l'intérieur d'une huilerie désaffectée pendant que ses camarades l'attendaient sur un terrain vague pour jouer au football. «Il était choyé. Son père lui a même acheté un téléphone portable», dit un habitant d'Ikhriven. Pour nombre de villageois que nous avons rencontrés, ce phénomène du suicide des enfants reste une grande énigme. S'il y avait une explication à leur geste, ces enfants l'ont emportée avec eux.


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