A l'automne 2004, pas moins de 5000 ha avaient été infestés par des colonies de rongeurs et l'estimation faite à l'époque par les réseaux de surveillance mis en place dans les 12 communes de la wilaya de Constantine mentionnaient une densité de 40 terriers par hectare. Pour faire face à ce fléau agricole, consigne a été donnée par la tutelle ministérielle de traiter les zones infestées par des appâts empoisonnés à base de sulfate de strychnine, un produit qui ne laisse aucune chance à ces rongeurs avicoles, selon les communiqués de la structure compétente en la matière. Plus d'un an après, il semble que les agriculteurs redoutent un remake de cette infestation et si un tel scénario devait se reproduire, on a laissé entendre que désormais le dispositif de riposte est bien rôdé. En d'autres termes, les stocks de raticides seraient tout à fait disponibles et, semble-t-il, en nombre suffisant pour liquider les campagnols, souris des champs et autres rongeurs friands de céréales et de végétaux. Cependant, tout en admettant le bien-fondé d'une telle démarche, les écolos, à leur tête l'Association de la protection de la nature et de l'environnement (APNE), déplorent vivement les importants dommages collatéraux causés à la faune « notamment, regrette leur représentant patenté, aux rapaces diurnes et nocturnes qui sont, il ne faut pas l'oublier, les auxiliaires naturels de l'homme pour la destruction des ennemis des cultures, notamment envers les rongeurs dont ils sont particulièrement friands. A ce titre, ils nous en débarrassent gratuitement et efficacement en empêchant leur prolifération. Malheureusement, les appâts empoisonnés utilisés dans la lutte contre ces rongeurs ont fait également de nombreuses victimes auprès de leurs prédateurs naturels. » Dès lors, estime ce dernier, si les invasions de ces rongeurs ont coûté si cher à l'agriculture, tant par les destructions des cultures que par le coût des pesticides employés pour les combattre, cela est essentiellement dû au déséquilibre causé par la diminution sensible des rapaces. En outre, le représentant de l'APNE croit dur comme fer que les pesticides, trop souvent employés à tort et à travers, sans les précautions d'usage, présentent de graves dangers pour notre faune sauvage et seraient l'une des causes directes de l'alarmante diminution de nos rapaces qui périssent ou deviennent infertiles pour avoir mangé des rongeurs ayant absorbé des graines empoisonnées. Cela dit et dans l'hypothèse d'une inversion du processus, on estime dans le milieu des écolos qu'il faut commencer par convaincre les décideurs de l'utilité des rapaces et du profit qui sera tiré de leur réintroduction à grande échelle à travers les 12 communes de la wilaya de Constantine où les sites de nidification ne manquent pas, selon cette source d'informations. Autrement, a-t-on précisé, les rapaces, au même titre que d'autres espèces animales disparues, prendront bientôt place, pour nos enfants, dans le bestiaire de l'imaginaire.