Il évoquera le temps d'une rencontre les années du parti unique où il fallait batailler pour décrocher le financement d'un film, mais sans oublier que l'après-1988 a complètement déstructuré l'activité cinématographique. Le temps de la mer (dans l'enfer à 10 ans, une œuvre collective produite en 1968), de Ech chebka (1976) ou La Moisson d'acier (1983) qui lui ont valu des distinctions internationales, notamment dans les pays du Sud et en ex-URSS, semblent être révolus et bien loin. Sa voisine, malgré les bonnes intentions, n'a pas les mêmes ambitions, même sur un plan artistique. « En tant que cinéastes, nous privilégions l'échange pour adhérer à un monde dans lequel nous avons évolué et pour lequel nous voulions transmettre un peu de nos désirs, de nos rêves, communiquer la vie en fait. » Malgré les conditions difficiles, les réalisateurs étaient salariés, il y avait un engagement tel que face au désert actuel, l'auteur de Hassan Niya pense que le cinéma algérien a joué son rôle d'ambassadeur ayant eu ses lettres de noblesse. Pour son tout dernier film, il avoue lui-même avoir été réalisé sans prétention et qu'il voulait juste raconter, à travers une histoire d'amour, des choses difficiles de la vie, mais avec un peu de rire. Tourné presque exclusivement dans un intérieur de La Casbah d'Alger, son film, il le veut aussi une œuvre de mémoire pour la postérité, car autant pour ses personnages cloîtrés dans leurs croyances, leurs chaînes, leurs rêves, le cadre bâti est également en train de péricliter. Le film semble être à l'image des moyens financiers modestes dont il a disposé pour le réaliser. « Comment faire un film sans tendre la main ? », s'est-il interrogé, référence faite aux sources de financement étrangères, parfois contraignantes. Pour lui, le cinéma algérien n'a pas résisté à l'application par le gouvernement des injonctions du FMI et son projet libéral qui aurait au moins dû épargner un secteur important dans un monde où justement l'image a fini par acquérir une place centrale. M. Bendedouche envisage de tourner une série policière, les aventures d'un commissaire provisoirement baptisé Kindi, pour contrecarrer l'influence des grands enquêteurs de fiction américaine ou européenne. Un appel est lancé au PDG de l'ENTV pour une prise en charge financière dans les meilleurs délais, car les cinéastes ne savent pas attendre.